Une taxe sur les embouteillages à Beijing ?

A l'heure où les responsables de la capitale continuent de discuter de la possibilité d'introduire une taxe sur les embouteillages pour essayer de faire réfléchir les automobilistes à deux fois avant de s'aventurer en voiture dans les zones de la ville à fort trafic, les débats s'animent à Beijing.

Les problèmes de circulation de Beijing ne sont un mystère pour personne.

Avec des millions de véhicules circulant quotidiennement sur les routes de la ville, il n'est pas rare, aux heures de pointe, que les conducteurs se retrouvent à mesurer leur distance parcourue en mètres plutôt qu'en kilomètres.

Pour essayer de soulager ce problème, les autorités municipales discutent actuellement activement de l'idée d'une taxe sur les embouteillages.

Cette proposition imposerait aux conducteurs un supplément, dont le montant est encore inconnu, pour se rendre dans les zones de Beijing à fort trafic. Mais c'est une idée qui, pour la plupart des gens qui travaillent dans la zone très fréquentée du centre-ville de Beijing, ne sied guère aux personnes qui font quotidiennement la navette entre leur domicile et leur travail.

« Percevoir une taxe sur les embouteillages peut, dans une certaine mesure, être efficace. Mais vous ne pourrez pas régler les problèmes de circulation de Beijing par ces mesures à court terme. Il se peut que vous soyez amenés à changer la façon dont la capitale de la nation fonctionne ».

Actuellement, le gouvernement municipal est en train de transférer la plupart de ses bureaux vers les banlieues, ce qui devrait soulager la circulation dans le centre de Beijing, où la plupart des bureaux de l'administration municipale se trouvent actuellement.

Un certain nombre d'autres mesures ont également été prises, comme l'augmentation des frais de stationnement et la mise en œuvre de restrictions concernant les jours où les gens peuvent conduire, en fonction du dernier numéro de leur plaque d'immatriculation.

Selon Ma Zhong, professeur d'études environnementales à l'Université Renmin, bien qu'à la base l'intention ait été bonne, les restrictions en fonction des plaques d'immatriculation ont en fait eu l'effet inverse.

« Ces politiques ont pu avoir eu l'intention de maitriser le nombre de véhicules. Mais elles ont fini par avoir un résultat inverse, car à la suite des contrôles, cela a donné lieu à une stimulation supplémentaire des achats de véhicules ».

Sachant cela, si les gens ont la possibilité d'acquérir un second véhicule pour contourner les restrictions fixées en fonction des plaques d'immatriculation, de nombreuses questions demeurent, comme celle de savoir si une taxe sur les embouteillages sera suffisante pour dissuader les conducteurs.

Selon Zheng Wentao, professeur agrégé de sciences de la Terre et de l'espace à la Peking University, la question centrale pour faire disparaitre les embouteillages à Beijing réside dans la fixation du tracé des routes : « Le problème des embouteillages sera mieux résolu si les routes elles-mêmes sont bien conçues. Il n'est pas difficile de comprendre où se trouvent les zones à problèmes et quels sont les principaux facteurs à l'origine des embouteillages ».

Néanmoins, cela devient trop problématique, car un grand nombre de secteurs vitaux dans le centre de Beijing ne peuvent ni être démembrés ni redessinées, étant donné leur développement actuel, de même que les nombreux sites historiques, qui bien entendu ne peuvent pas être déplacés.

Pour nombre de ceux qui discutent en ligne de cette proposition de la taxe sur les embouteillages, le problème va au-delà de se contenter de restreindre la circulation des véhicules ou de faire payer davantage les gens.

Une grande partie du débat se concentre ainsi sur les moyens de s'assurer que les conducteurs respectent le code de la route, ce qui, pour de nombreux experts, veut dire qu'il reste encore certainement un long chemin à parcourir pour faire enfin disparaitre les embouteillages qui paralysent Beijing en permanence.