Dernière mise à jour à 08h22 le 02/03
Bien qu'il fasse encore froid dehors, Gu Defu a commencé à se préparer pour les labours du printemps.
M. Gu, un villageois du bourg de Lanxi du district de Lanxi, dans la province chinoise du Heilongjiang (nord-est), va consulter les prix des engrais. Le district, situé dans la plaine Songnen, est l'un des plus grands producteurs de maïs, de riz, de soja et de pommes de terre dans le nord-est de la Chine, qui est connu pour être le grenier du pays.
"Je ne suis pas prêt à acheter des semences et des engrais pour le moment", a indiqué M. Gu, qui ne plantera pas beaucoup de maïs cette année à cause de son bas prix.
La Chine, qui compte 1,3 milliard de personnes, maintient des réserves importantes de grains pour des raisons de sécurité alimentaire. Le pays a mis en place un programme d'achat des réserves du maïs il y a neuf ans, dans le but de se prémunir contre le risque de fluctuations de prix et d'assurer la plantation sans interruption de cette céréale de base.
Néanmoins, le stockage excessif et le précédent mécanisme de prix rigide a entraîné un gaspillage.
La Chine a mis fin à ce programme l'année dernière en vue de le transformer en un mécanisme orienté davantage vers le marché, ce qui a causé une baisse du prix du maïs.
"Le paysans demanderont ce qu'ils doivent planter si on ne plante plus de maïs cette année", a déclaré Feng Hetao, un responsable du bureau du travail agricole du district de Lanxi, ajoutant que certains producteurs de maïs ont été découragés par la baisse des prix.
La situation est différente dans le district de Wannian, dans la province du Jiangxi (est).
Luo Huimin, âgé de 42 ans, est en train de chercher des parcelles de terre cultivable dans les montagnes, qui ne conviennent pas à l'agriculture mécanisée.
"De telles terres sont exemptes de parasites et de pollution. Elles sont idéales pour la production de riz écologique", a indiqué M. Luo, qui a commencé l'année dernière son projet d'agriculture biologique en prenant en location 1.000 mus (66,7 hectares) de terres dans le district.
Il espère recevoir une certification biologique d'ici la fin de l'année.
Par le biais du marketing de personnalisation en ligne, M. Luo est capable de vendre son riz écologique à un prix dix fois supérieur à celui du riz normal.
Il espère louer 1.000 mus supplémentaires de terres pour répondre à la demande croissante du riz écologique.
Une entreprise agricole d'investissement et de vente en ligne, basée dans la ville de Dongguan dans la province du Guangdong (sud), a signé une lettre d'intention pour une commande d'au moins 500.000 kilos de riz de M. Luo cette année.
Xu Xinchun est l'un des contributeurs et bénéficiaires de l'ambition de M. Luo.
Employé par l'entreprise de M. Luo, ce villageois de 53 ans est responsable de 220 mus de parcelles éparpillées dans les vallées aux alentours de son village, Huangdun, au bourg de Peimei du district de Wannian.
"Nous devons repiquer les jeunes plants de riz, irriguer les terres, désherber les champs et récolter le riz, et tout à la main", a déclaré M. Xu. "C'est un travail dur. J'ai gagné plus de 20.000 yuans (environ 2.911 dollars) l'année dernière. Cela en vaut la peine." L'année dernière, il a gagné cinq fois plus que ce qu'il gagnait auparavant.
M. Xu effectue non seulement les travaux agricoles mais exerce aussi une surveillance étroite. Des caméras sont installées dans les champs.
"Nous devons garantir qu'aucun pesticide ou engrais chimique ne soit utilisé", a-t-il souligné.
M. Luo n'est pas le premier à saisir cette opportunité commerciale.
Lei Yingguo, 36 ans, dirige une société coopérative de plus de 17.800 mus de rizières dans le bourg de Xiushi à Fengcheng au Jiangxi. Il est passé à l'agriculture biologique il y a quelques années et a enregistré une marque en son propre nom. Maintenant, un cinquième des champs de sa société coopérative produit du riz écologique. Le riz de sa marque déposée se vend à plus de 80 yuans le kilo.
"Le riz non biologique n'est pas rentable", a indiqué M. Lei. "Je perdrais de l'argent si j'échouais à réajuster la structure agricole".
Il envisage d'accroître d'un tiers la superficie de production de riz biologique à 5.000 mus.
Les riz importés ont affecté les bénéfices et les parts de marché des producteurs des céréales chinoises. Davantage de producteurs devraient passer à l'agriculture biologique à la suite de la réforme structurelle du côté de l'offre dans l'agriculture, selon Yu Fuying, un responsable du bureau de l'agriculture de Fengcheng.
La Chine approfondira la réforme structurelle du côté de l'offre dans l'agriculture pour développer ce secteur, selon un document politique publié le 5 février par le Comité central du Parti communiste chinois et le Conseil des Affaires d'Etat.
Le document a appelé à améliorer les structures de cette industrie, à promouvoir la production écologique, à étendre la chaîne de valeur industrielle du secteur, à promouvoir l'innovation, à consolider le développement rural partagé et à renforcer les réformes rurales.
Après avoir étudié toutes ses options de projets agricoles, Gu Defu comprend ce qu'il doit faire dans le cadre de la réforme structurelle du côté de l'offre : peu importe le produit, il doit être biologique et écologique.
"Je vais essayer le maïs frais cette année, parce que j'ai entendu dire que cela se vendait bien", a-t-il ajouté.