Dernière mise à jour à 08h37 le 04/02
(Photo d'archives) |
Des chercheurs indiens ont fini par lier une mystérieuse maladie qui a tué plus de 100 enfants indiens chaque année à un fruit tropical, un fruit pourtant délicieux que nous sommes nombreux à apprécier : le litchi. Pendant des décennies, des enfants apparemment en bonne santé de la région du Bihar, dans le Nord de l'Inde, souffraient de crises soudaines et de pertes de conscience, toujours pendant les mois caniculaires d'été de mai et juin, avant l'arrivée des pluies annuelles de la mousson en juillet. Près de la moitié des enfants touchés mouraient, déconcertant les médecins.
Une étude publiée mardi a finalement affirmé avoir résolu le mystère, laissant entendre que ces enfants ne sont pas malades, mais ont été empoisonnés par une consommation excessive de litchis sur un estomac vide. Une enquête menée conjointement par le Centre national indien pour le contrôle des maladies et le Bureau de l'Inde du Centre de contrôle et de prévention des Maladies d'Atlanta, aux États-Unis, explique comment, depuis 1995, les décès ont été diversement imputés à des coups de chaleur, à des infections véhiculées par les rats, aux chauves-souris ou aux mouches des sables, et aux pesticides utilisés dans les régions où se trouvent de nombreux vergers de litchi.
Les médecins ont été confondus par la façon dont la maladie -bien regroupée dans une petite partie de l'Inde- a généralement frappé juste un enfant à la fois, laissant des amis et même la fratrie indemnes. Selon le document, publié dans la revue médicale britannique The Lancet, la connexion a finalement été établie lorsque les épidémiologistes étudiant les cas des enfants à l'hôpital dans la région de Muzaffarpur ont entendu parler de vomissements de la Jamaïque, une maladie apparente qui avait provoqué un gonflement du cerveau et des convulsions chez des enfants des Caraïbes pendant des décennies jusqu'à ce que les parents se rendent compte qu'elle avait été causée par la consommation de fruits d'aki trop mûrs.
Les chercheurs ont testé les litchis de la région et ont découvert qu'ils contenaient la même toxine que l'aki, lhypoglycine A. Dans cette région de l'Inde, les enfants qui ont faim -dont beaucoup sont mal nourris- se gorgeraient de fruits tombés des arbres dans les vergers commerciaux pendant la saison du litchi, consommant la toxine qui inhibe la capacité du corps à produire du glucose. Les jeunes enfants, qui sont particulièrement sensibles, sont rentrés chez eux l'estomac plein de fruits et ont refusé le dîner, amenant leur taux de sucre dans le sang à tomber encore plus bas. Beaucoup se sont réveillés en hurlant dans la nuit, avant d'être atteints de convulsions et de pertes de conscience, tandis qu'ils étaient victimes d'un gonflement aigu du cerveau.
En 2015, à la suite de l'enquête, les autorités sanitaires ont commencé à inciter les parents de la région à s'assurer qu'ils donnent bien aux jeunes enfants un repas du soir et de limiter leur consommation de litchis. En deux saisons, le nombre de cas déclarés par an a chuté à moins de 50 contre des centaines auparavant.