Dernière mise à jour à 10h12 le 10/01
L'avenir où les employés humains seront remplacés par des machines est sur le point de devenir une réalité, tout au moins dans une entreprise d'assurance japonaise, où 34 employés vont être licenciés et remplacés par un système de renseignement artificiel qui peut calculer les paiements dus aux assurés. Fukoku Mutual Life Insurance estime ainsi qu'elle va pouvoir augmenter sa productivité de 30% et enregistrer un retour sur son investissement en moins de deux ans. D'après l'assureur japonais, cela permettrait aussi d'économiser environ 140 millions de Yens (1,13 million d'Euros) par an après que le système d'intelligence artificielle, d'une valeur de 200 millions de yens (1,61 million d'Euros) sera installé ce mois-ci. Son entretien coûtera environ 15 millions de Yens (121 000 Euros) par an.
Le système est basé sur le Watson Explorer d'IBM qui, selon l'entreprise de technologie américaine, possède une « technologie cognitive qui peut penser comme un humain », lui permettant « d'analyser et d'interpréter toutes vos données, y compris les textes non structurés, les images, les fichiers audio et vidéo ». Selon le quotidien japonais Mainichi Shimbun, la technologie sera capable de lire des dizaines de milliers de certificats médicaux et de factures de durée des séjours à l'hôpital, les dossiers d'antécédents médicaux et les procédures chirurgicales avant de calculer les paiements. Néanmoins, si l'utilisation de l'intelligence artificielle va réduire drastiquement le temps nécessaire pour calculer les paiements de Fukoku Mutual -il y en a eu 132 000 au cours de l'exercice courant- les sommes ne seront toutefois pas payées tant qu'elles n'ont pas été approuvées par un membre du personnel.
La population en déclin et vieillissante du Japon, associée à ses prouesses dans le domaine des technologies de robot, fait de ce pays un terrain d'essai idéal pour l'intelligence artificielle. Selon un rapport publié en 2015 par le Nomura Research Institute, près de la moitié de tous les emplois au Japon pourraient être assurés par les robots d'ici 2035. Selon le Mainichi Shimbun, la société d'assurance-vie Dai-Ichi a déjà mis en place un système basé sur Watson pour évaluer les paiements, bien qu'elle n'ait en revanche pas réduit le nombre d'employés- et les Postes du Canada s'intéressent aussi à l'introduction d'une configuration similaire.
Au-delà de l'assurance, l'intelligence artificielle pourrait aussi bientôt jouer un rôle dans la politique du Japon. Le mois prochain, le Ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie mettra un système d'intelligence artificielle à titre expérimental pour aider les fonctionnaires à rédiger les réponses des ministres lors des réunions du gouvernement et des sessions parlementaires. Le ministère espère que l'intelligence artificielle contribuera à réduire les longues heures que les employés de bureau passent à préparer des réponses écrites pour les ministres. Selon l'agence de presse Jiji, si l'expérience est un succès, elle pourrait aussi être adoptée par d'autres organismes gouvernementaux.
Si, par exemple, une question est posée sur les politiques d'économies d'énergie, le système d'intelligence artificielle fournira aux fonctionnaires les données pertinentes et une liste de points de discussion pertinents basés sur des réponses passées à des questions similaires. Cependant, la marche en avant des robots à intelligence artificielle japonais n'a pas été totalement exempte de failles : à la fin de l'année dernière, une équipe de chercheurs a ainsi abandonné une tentative de développer un robot assez intelligent pour passer l'examen d'entrée à la prestigieuse Université de Tokyo. L'intelligence artificielle n'est pas efficace pour répondre au type de questions qui nécessitent une capacité à saisir des significations à travers un large spectre », a ainsi déclaré à l'agence de presse Kyodo Noriko Arai, professeur à l'Institut national d'informatique.