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Le barrage de Mossoul risque de céder et pourrait faire 1,5 million de victimes

le Quotidien du Peuple en ligne | 09.01.2017 09h43

Des ingénieurs et autres experts ont averti que l'effondrement du barrage de 13 kilomètres barrant le fleuve Tigre dans le nord de l'Irak est juste une « question de temps », et que sa rupture déclencherait une catastrophe environnementale qui pourrait faire 1,5 million de morts et des millions d'autres personnes sans nourriture ni électricité, à une distance aussi éloignée que Bagdad. Le barrage de Mossoul, situé à 60 kilomètres de la ville du même nom, encore contrôlée par l'Etat islamique, retient 11,1 milliards de mètres cubes d'eau et a été en proie à des problèmes depuis sa construction dans les années 80, notamment du fait qu'il a été construit sur un sol qui se délite.

Depuis sa construction, il a nécessité un entretien constant pour remplir les cavités qui se forment sous le béton pour l'empêcher de s'effondrer. Un rapport du génie de l'US Army de 2006 avait déjà révélé que « le barrage de Mossoul est le barrage le plus dangereux du monde », mais la situation n'a fait que s'empirer depuis que l'Etat islamique a pris le contrôle de la zone en 2014, y compris, brièvement, le barrage lui-même. Beaucoup des 1 500 employés qui y étaient stationnés ont fui et les extrémistes ont endommagé une grande partie de leur équipement. « C'est juste une question de temps. Ce sera pire que de lancer une bombe nucléaire sur l'Irak », a déclaré à Al-Jazeera le professeur Nadhir al-Ansari, du département d'ingénierie environnementale de l'université de Lulea en Suède, qui a inspecté la construction initiale.

Une étude réalisée en 2015 par le Centre des sciences de la Commission européenne a révélé que même une brèche partielle de 26% déclencherait une inondation de proportions catastrophiques : une vague d'eau atteignant 30 mètres de haut engloutirait Mossoul en deux heures, emportant avec elle des personnes, des bombes non explosées, des bâtiments et des voitures, ainsi que des substances toxiques provenant des raffineries de pétrole et des déchets humains. Les plaines inondables voisines abritent déjà plus d'un million de personnes vivant dans des tentes après avoir été déplacées par les combats et qui devraient se battre pour trouver une protection contre l'eau. En quatre jours, selon les experts de l'UE et des États-Unis, une vague 2 à 8 mètres de hauteur atteindrait Bagdad, pourtant située à 400 kilomètres.

L'ONU a prédit l'an dernier que, quel que soit le scénario d'inondation, quatre millions de personnes resteront sans abri et que l'aide prendra jusqu'à deux semaines pour atteindre ceux qui en ont besoin si les aéroports, les réseaux électriques et les routes sont détruits. Les raffineries de pétrole de l'Irak et jusqu'à deux tiers de ses champs de blé seraient également touchés. De nouvelles réparations financées par la Banque mondiale sont effectuées par une société d'ingénierie italienne, mais la situation de sécurité fragile dans la région rend l'achèvement des travaux difficile. Une meilleure solution -et plus permanente- serait de construire un deuxième barrage, mais l'instabilité politique et militaire et le manque de fonds signifient que cette option est hautement improbable. Les responsables irakiens ont tenté de minimiser les craintes des scientifiques et de la communauté internationale face à une catastrophe imminente, mais le professeur al-Ansari craint le pire : « Je suis convaincu que le barrage pourrait céder dès demain », a-t-il dit.

 

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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