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Moto Girls, service de taxi-scooters conduits par des femmes au Cambodge

le Quotidien du Peuple en ligne | 08.02.2017 09h06
Moto Girls, service de taxi-scooters conduits par des femmes au Cambodge
Sreynich Horm, Raksmey Chea et Renou Chea, les trois « moto-girls » de Phnom Penh.

A Phnom Penh, la capitale du Cambodge, les taxis-scooters sont partout, mais il est extrêmement rare de voir des femmes servir de conductrices aux touristes. Celles qui le font sont jugées durement. Pourtant, une jeune entrepreneuse essaie aujourd'hui de changer cela. Quand elles se présentent dans un hôtel de Phnom Penh dans leurs T-shirts rouges moulants et leurs jeans serrés, les gens ont tendance à avoir une mauvaise idée de Renou Chea et de ses collègues de la société Moto Girl Tour. « Ils pensent que nous ne sommes pas de "bonnes filles" », dit Renou, un petit bout de femme de 26 ans aux longs cheveux noirs. « Ils pensent que nous sommes des "mauvaises filles" ».

C'est une distinction importante au Cambodge, où les femmes qui sortent avec des étrangers sont souvent présumées être des « mauvaises filles » -ou des femmes qui travaillent dans le commerce du sexe. « Parfois, ils pensent que lorsque nous sortons avec les hommes, c'est pour le sexe ou quelque chose comme ça », ajoute sa sœur, Raksmey Chea, 23 ans. Le site Internet Moto Girl Tour ne laisse d'ailleurs pas d'être quelque peu ambigu, proposant des tournées à moto de la capitale du Cambodge par « jeunes et belles conductrices ». Parce qu'elles sont toutes jeunes et belles, Renou ne comprend quant à elle pas pourquoi la publicité de cette prestation pourrait sembler étrange. Ce qui est étrange, du moins dans ce pays d'Asie du Sud-Est, ce sont les femmes qui conduisent des touristes. Cela n'existe tout simplement pas, dit Siv Cheng, propriétaire de CS Travel, basée à Phnom Penh. « Surtout, voyez-vous, tous les conducteurs de moto (taxi) sont des hommes », dit-il.

Beaucoup de femmes conduisent des petits scooters Vespa et des motos Hyundai tout autour de la ville -tout le monde le fait- mais elles n'emportent pas habituellement de touristes. Renou a eu l'idée après qu'une tante lui ait parlé d'écolières offrant un service de moto-taxi en Thaïlande. Pour s'assurer qu'elles gardent leur réputation sûre, ces femmes ont établi une règle -interdiction formelle de s'agripper à la conductrice. Roulant sur une moto depuis le lycée, et ayant étudié l'anglais au collège, Renou s'est dit que promener des touristes autour de sa ville serait une manière amusante de gagner de l'argent. Après avoir également étudié la comptabilité, elle a sans doute vu aussi une bonne occasion de faire des affaires. En 2015, près de cinq millions de touristes sont venus au Cambodge, selon le ministère cambodgien du Tourisme.

Renou a recruté sa sœur cadette et Sreynich Horm, 22 ans -toutes les deux aussi menues et jolies qu'elle- et parfois une quatrième femme, pour être guides de Moto Girl Tour. Mais avant qu'elles n'emmènent leurs premiers touristes à bord de leurs motos au début de 2016, elles ont dû convaincre leurs familles qu'elles seraient en sécurité. Et aujourd'hui, leur audace s'est avérée payante. Ainsi, Chanel Sinclair, une avocate australienne âgée de 31 ans, a été heureuse et réconfortée de trouver des guides féminins lorsqu'elle est venue seule à Phnom Penh pour la première fois au printemps 2016. Renou aimerait voir plus de femmes voyageurs comme Mme Sinclair, mais jusqu'à présent, la majorité des 50 clients de l'entreprise sont des hommes.

En plus d'être des femmes, les Moto Girls essaient aussi de se différencier en étant des guides bien informées qui peuvent discuter de l'art, de l'histoire et de la culture du Cambodge. Même s'il existe encore des difficultés, notamment avec les passagers qui ne sont pas familiers avec les courses en motos et qui se penchent parfois vers la gauche quand ils devraient se pencher à droite, dit Horm.

Sans parler de ceux qui, c'était inévitable, ont eu une mauvaise idée derrière la tête, comme ce touriste et lui a demandé un rendez-vous. Elle l'a poliment et fermement éconduit, ne voulant pas confondre son travail avec sa vie sociale. De toute façon, il ne lui plaisait pas non plus... 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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