Dernière mise à jour à 11h01 le 25/03
Des vélos en libre-service sur une rue à Shanghai, le 23 mars 2017 |
Telle une vague, les vélos en libre-service envahissent les rues des grandes villes chinoises. Enfourcher ces vélos de couleur vive, oranges, jaunes ou bleus, est devenu une mode écologique dans "l'ancien royaume des bicyclettes".
L'explosion des vélos partagés a bénéficié à la fois aux entreprises exploitant ces vélos, aux usagers, aux gouvernements et aux entreprises productrices de vélos.
Dans la municipalité septentrionale de Tianjin se trouve le plus grand centre manufacturier de vélos chinois. La première bicyclette développée et produite par la Chine, Feige (Pigeon volant), est née en 1950 dans cette ville.
Depuis plusieurs mois, les machines tournent à plein régime dans les usines de Tianjin, et les ouvriers font des heures supplémentaires pour assembler des vélos qui, une fois achevés, seront tout de suite transportés dans les villes densément peuplées du pays.
"Avant l'apparition des vélos en libre-service, il y avait des saisons haute et basse tout à fait distinctes dans l'industrie de fabrication de vélos, mais aujourd'hui, il faut produire à plein régime toute l'année", explique Zhang Jinying, directrice générale de Tianjin Flying Pigeon Cycle Development Co., Ltd. (Pigeon volant).
"En mars, Pigeon volant doit produire un total de 900.000 vélos, dont la moitié sont des vélos en libre-service", précise-t-elle.
A la fin de l'année dernière, Pigeon volant a embauché une centaine de personnes, mais cela est loin d'être suffisant. Les usines ont besoin de davantage de main-d'oeuvre pour faire face aux grosses commandes passées par les start-ups de vélopartage.
A Fushida, une autre entreprise de vélos basée à Tianjin, les machines de fabrication tournent également à pleine capacité. Liu Jie, directrice générale de Fushida, note que les commandes passées par Ofo, l'une des plus grandes start-ups de vélopartage, ont atteint 800.000 pour le seul mois d'avril.
Les statistiques de l'Association de l'industrie du vélo de Tianjin (AIVT) montrent que la ville a produit plus de deux millions de vélos en libre-service selon un bilan établi fin février. Pour l'ensemble de 2017, environ dix millions de vélos partagés verront le jour dans cette ville.
Les producteurs de vélos semblent avoir retrouvé leur gloire passée. Durant les années 1980, les vélos étaient le principal moyen de transport des Chinois. Avec la croissance économique rapide, ils ont cependant été remplacés par les voitures particulières. Depuis longtemps, la majorité des vélos produits en Chine sont destinés à l'exportation.
"Je n'ai jamais imaginé que les vélos connaîtraient un tel essor", confie Liu Xuequan, directeur de l'AIVT.
D'après un rapport de BigData-Research, la Chine comptait 18,86 millions d'usagers de vélos partagés fin 2016, et ce nombre devrait passer à 50 millions en 2017. Les géants du vélopartage Mobike et Ofo continueront à passer des commandes juteuses auprès des usines de Tianjin.
Cependant, des inquiétudes émergent. Les petites et moyennes entreprises, qui n'ont pas obtenu de commandes de vélos en libre-service, ont du mal à survivre. Le battage des cartes dans l'industrie est inévitable.
Les fournisseurs de matières premières, qui souhaitent également une part du gâteau du vélopartage, ont augmenté les prix. La possibilité de marchander n'existe plus.
Presque toutes les usines se consacrent actuellement à la production de vélos partagés."Cette année est sûrement le pic de production des vélos en libre-service, et nous connaîtrons une baisse l'année prochaine", estime M. Liu. Les start-ups, avec l'appui des fonds d'investissement, se lancent actuellement dans une concurrence rude pour conquérir le marché.
Quand la bataille des vélos partagés sera achevée, quel avenir connaîtront les producteurs de vélos ? C'est une question méritant une sérieuse réflexion.