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Le gouvernement allemand va fermer une auberge de jeunesse de Berlin exploitée par la Corée du Nord

le Quotidien du Peuple en ligne | 19.05.2017 08h41

En plein cœur de Berlin, à quelques pas de Gendarmenmarkt, une des plus belles places de la ville, se trouve une auberge de jeunesse à la façade plutôt austère et qui ne donne a priori guère envie d'y entrer, sans parler de ses lits superposés à quatre personnes par chambre, un confort sommaire et une ambiance qui fleure bon les années 80. Mais son emplacement et ses prix défiant toute concurrence -à partir de 23 euros la nuit, petit-déjeuner compris- font du City Hostel de Berlin une adresse particulièrement prisée de la jeunesse. Et ce qui ne gâte rien, il est bien noté sur des sites comme TripAdvisor et Yelp, mais le problème est que le propriétaire de cet hôtel, installé dans un grand bâtiment anonyme d'un ancien quartier de Berlin-Est, à quelques pas de Checkpoint Charlie et d'autres attractions, n'est pas n'importe qui, et c'est cela qui va conduire à sa fermeture.

Ce qui fait que cette auberge diffère des autres dans une ville qui attire la jeunesse du monde depuis si longtemps est l'ambassade qui se trouve juste à côté, où le drapeau de la Corée du Nord flotte sur un poteau près d'un jardin mal entretenu et de portraits de la famille dirigeante de ce pays accrochés sur une clôture en métal gris. L'auberge, située dans un ancien quartier diplomatique, sera bientôt fermée pour se conformer aux dernières sanctions imposées par l'ONU du fait des essais nucléaires de la Corée du Nord. Le gouvernement allemand a confirmé mercredi qu'il agirait « aussi rapidement que possible » pour couper le flux de devises après que les médias allemands aient affirmé que la Corée du Nord payait un homme d'affaires allemand dont le nom n'a pas été donné 38 000 € par mois pour exploiter l'auberge.

Quelques années après la chute du rideau de fer, la Corée du Nord a loué le bâtiment, qui abritait auparavant plusieurs dizaines de diplomates. Son emplacement privilégié dans le centre de Berlin l'a rendu populaire auprès des routards et des étudiants en goguette. Martin Schäfer, un porte-parole du Ministère allemand des affaires étrangères, a déclaré que l'auberge serait fermée en conformité avec les sanctions plus sévères adoptées en novembre par les Nations Unies qui interdisent spécifiquement toute transaction commerciale avec les ambassades nord-coréennes ou ce qui leur appartient. Les autorités allemandes agiront aussi rapidement que les lois allemandes le leur permettront de la faire, a ajouté M. Schäfer. Philipp Lengsfeld, député de Berlin pour les démocrates-chrétiens au Parlement, a déclaré que les liens avec la Corée du Nord « étaient un secret connu de tous -tous les taxis le savaient ».

La Corée du Nord compte relativement peu d'ambassades en Europe, et beaucoup d'entre elles sont un reliquat de l'époque de la RDA. Sa représentation de Berlin se trouve sur Glinkastrasse, autrefois une voie majeure du district gouvernemental de Berlin-Est. Selon le site de l'auberge, les chambres vont de simples et de doubles à des couchettes pour quatre ou huit personnes dans une chambre. Les prix vont de 17 Euros le lit jusqu'à 59 Euros pour une chambre simple. Une peinture murale sur le mur arrière pourrait néanmoins étonner les propriétaires de Pyongyang : dans un style de dessin animé, elle représente une partie de l'histoire de la guerre froide à Berlin. Des fragments déchiquetés d'une structure parsèment l'image tandis qu'un panneau silencieux à gauche annonce: « Construction du mur, 1961. Chute du mur, 1989 »...

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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