Dernière mise à jour à 15h36 le 16/12
Chaque fois que Wang Jianqiong va au travail, il arrive essoufflé après avoir monté les 99 marches le menant à son bureau.
M. Wang travaille comme observateur météorologique à l'observatoire de base de China Global Atmosphere Watch (GAW) sur le mont Waliguan, dans la province du Qinghai (nord-ouest). Situé à 3.816 mètres au-dessus du niveau de la mer sur le plateau du Qinghai-Tibet, il est le plus haut des 31 observatoires GAW du monde.
A ce jour, l'observatoire a réalisé l'observation par tous les temps et à haute densité de plus de 60 éléments dans le cadre de 30 projets, dont les gaz à effet de serre, le rayonnement solaire, les substances radioactives et les précipitations, avec plus de 60.000 données recueillies chaque jour. Il partage ses données avec les organisations météorologiques internationales depuis sa mise en service en 1994.
"Nous devons marcher lentement ici pour éviter les évanouissements causés par le mal de l'altitude", raconte M. Wang, après que son partenaire et lui ont déchargé de la nourriture et des produits de première nécessité de leur voiture. Ils se relaient et changent de quart tous les 10 jours.
Même après plusieurs années de travail à la station, le mal de l'altitude reste un défi majeur pour les observateurs qui vivent principalement dans la capitale provinciale de Xining, à environ 2.200 mètres au-dessus du niveau de la mer et à 140 km de l'observatoire. Certaines personnes peuvent à peine dormir dans les premiers jours en raison du manque d'oxygène.
Cependant, la station de haute altitude dans des conditions difficiles est un endroit idéal pour des observations spéciales.
Afin de détecter les teneurs naturelles de divers oligo-éléments qui représentent le mélange uniforme de l'atmosphère entière, il faut répondre à des exigences environnementales très élevées", explique Sun Jinglan, directeur adjoint du département d'observation globale de l'Administration météorologique de Chine (AMC).
M. Wang et ses collègues mangent donc des repas précuits trois fois par jour toute l'année sur le plateau pour réduire l'impact des fumées de cuisson sur la collecte des données, et beaucoup d'entre eux souffrent de ce fait de maladies gastro-intestinales.
Le gouvernement local a également pris une série de mesures pour s'assurer que la région ne soit pas affectée par des facteurs externes. Il a interdit tous les projets rejetant des polluants dans un rayon de 50 km autour de l'observatoire et même le vol de Xining à Yushu, qui devait traverser la région, a été redirigé.
À l'extérieur de la station se trouve une tour d'observation haute de 80 mètres, que les observateurs gravissent et descendent souvent malgré le danger. Ni la chaleur et le fort ensoleillement, ni le froid et le vent ne les empêchent de dépoussiérer, de dégager la glace et de renforcer les instruments pour assurer le bon fonctionnement de la tour.
Au cours des 25 dernières années, les météorologues ont accumulé une longue série d'observations des concentrations de gaz à effet de serre. La courbe de dioxyde de carbone basée sur ces données est connue sous le nom de "courbe du plateau de Qinghai-Tibet" ou "courbe de Maliguan".
"Les courbes sont très importantes et précieuses. L'une des principales raisons pour lesquelles le gouvernement chinois soutient l'idée du changement climatique est que nous disposons de données d'observation pertinentes", souligne Liu Ning, gouverneur de la province du Qinghai.
La Chine participe activement à la gouvernance climatique mondiale dans des domaines tels que les données de référence atmosphériques mondiales et les observations des gaz à effet de serre, explique Zhang Wenjian, secrétaire général adjoint de l'Organisation météorologique mondiale.
Six de ces observateurs ont également participé à des activités de recherche scientifique internationales, y compris des expéditions en Antarctique. Li Delin, 42 ans, l'un des observateurs les plus expérimentés de la station, a passé un an et demi en Antarctique de 2012 à 2014.
"Je suis fermement convaincu que nos données profiteront aux générations futures, de sorte que nos efforts sur le plateau en valent la peine", a-t-il déclaré.
À l'heure actuelle, le projet de construction de l'immeuble de bureaux de la station avec un investissement total de 9,8 millions de yuans (1,39 million de dollars) a été approuvé. Un laboratoire scientifique et normalisé sera également construit pour promouvoir les opérations de surveillance atmosphérique.
"En tant que le plus grand pays en développement, la Chine est devenue un élément de plus en plus important de la civilisation écologique mondiale. Dans le processus de construction d'une communauté de destin pour l'humanité, la Chine a apporté sagesse et solutions à la gouvernance climatique mondiale et au progrès écologique", ajoute Liu Yaming, directeur de l'AMC.