Dernière mise à jour à 15h36 le 16/12
Joachim Fritz ne se souvient plus à quels tournois internationaux de curling il a assisté. Mais en tant que technicien de glace en chef du 2019 Qinghai International Curling Elite, il n'a aucun mal à décrire le moindre détail de la glace qu'il a fabriquée dans la patinoire.
Le tournoi se déroule dans la base nationale d'entraînement physique de Duoba, dans la province chinoise du Qinghai (nord-ouest). Cet événement sportif international regroupe 16 équipes en compétition habituées à des installations de première classe, dont une glace parfaite.
Pour la troisième année, cette tâche incombe à M. Fritz, qui fabrique de la glace de curling depuis plus de 23 ans.
Chaque jour de la compétition, le technicien de glace et son équipe commencent leur travail tôt le matin pour s'assurer que la glace est prête pour les matchs.
"Vaporiser de la glace semble aisé, mais lorsque vous transportez 15 kilos d'eau sur le dos et que vous reculez à un rythme assez rapide sur la glace, c'est tout à fait différent", explique-t-il en vidant le pulvérisateur qu'il porte sur son dos.
Les techniciens de glace doivent préparer la surface des pistes avant chaque match et l'entretenir à la fin de chaque rencontre. Avec 64 matchs programmés tout au long du tournoi, les techniciens ont dû travailler sans relâche.
Cependant, ce technicien de 65 ans a commencé son travail bien avant le début des jeux, fabriquant un stock de glace adaptée au curling qui est bien plus complexe à produire que de la simple eau glacée.
Contrairement à d'autres sports de glace, la glace de curling doit être parfaitement uniforme pour permettre aux pierres de glisser sur la piste, car une pierre de granit de 20 kilos ne peut lutter contre la gravité et gravir une colline sur la glace.
"Tout est question de précision lorsque l'on fait de la glace de curling", affirme ce technicien. Pour fabriquer et installer de la glace de curling parfaite, l'équipe a passé une semaine à répandre de l'eau, peindre, pulvériser et gratter. Chaque étape doit être répétée plusieurs fois, avec le plus de finesse et de délicatesse possible.
Mais pour ce vétéran allemand, chaque transformation est différente, car chaque salle pose des défis uniques. "Il n'y a pas de critères pour faire de la glace", indique-t-il, notant que toutes les variables possibles doivent être prises en compte, de la température ambiante au nombre de spectateurs.
"Les gens n'ont aucune idée de l'étendue de notre travail", confie le technicien de glace, qui doit constamment surveiller la glace et rester prêt à faire face aux imprévus. Mais les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu, même pour M. Fritz.
L'humidité est probablement le pire cauchemar des techniciens de glace, car le moindre changement de température peut faire toute la différence. Pendant les Jeux olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi, M. Fritz a dû faire face à de fortes pluies. Le taux d'humidité engendré a entraîné l'annulation d'un match.
Il a appris à fabriquer la glace auprès d'un technicien canadien à l'époque où il était entraîneur d'une équipe de curling en Allemagne. Il a pris le relais en 1996 et a fait son chemin jusqu'à la scène internationale, fabriquant de la glace pour les Jeux olympiques d'hiver et les Championnats du monde.
Il transmet également ses connaissances et son expérience à ses assistants chinois, Ming Laisheng et Hu Yue, qui travaillent cette année en tant que techniciens adjoints.
"C'est le travail acharné et l'expérience qui produisent un technicien de glace", soulignent-ils, ajoutant que ses étudiants chinois font un meilleur travail chaque année.
Durant la dernière journée du tournoi, lorsque les matchs cruciaux ont décidé de la composition du podium, M. Fritz s'est présenté sur la glace tôt comme à son habitude, deux heures avant le début de la finale, et a commencé les préparatifs avec la même prudence dont il a fait preuve ces deux dernières décennies.
"Il y a beaucoup de petites choses qui doivent être résolues pour rendre le tournoi encore meilleur", note M. Fritz, qui établit toujours les normes les plus élevées pour son équipe et lui-même. "Je serais honoré de revenir l'année prochaine."