Des événements de ces derniers jours laissent entrevoir une décrispation politique en Côte d'Ivoire, selon des observateurs.
Après plusieurs mois de rupture et de tensions émaillées parfois de piques verbales, le gouvernement ivoirien et l'opposition proche de l'ancien président Laurent Gbagbo se sont résolus à renouer le dialogue.
Un dialogue politique a été ainsi amorcé de nouveau jeudi entre le ministre chargé des Affaires présidentielles Jeannot Ahoussou et le Front populaire ivoirien (FPI, parti de M. Gbagbo).
"Ce dialogue a pour but d'aplanir les divergences. Nous avons décidé d'examiner ensemble les différentes préoccupations", a expliqué en substance M. Ahoussou.
Celui-ci a exhorté le FPI à s'inscrire dans la mouvance de la pacification et de la cohésion nationale, invitant les responsables de cette formation politique à lever leur mot d'ordre du boycott du recensement démographique.
Pour le président du FPI, Pascal Affi Nguessan, la situation des exilés pro-Gbagbo et la situation des détenus proches de son parti, ainsi que la situation des maisons occupées de force depuis la crise, ont été au centre des premières discussions.
"Les questions concernant le financement des partis politiques, la sécurité et l'accès aux médias d'Etat seront discutées dans un cadre élargi", a précisé pour sa part le ministre Ahoussou.
ACTES "SALUTAIRES"
Le dégel des comptes bancaires des pro-Gbagbo qui constituait l'une des préoccupations majeures de l'opposition vient d'avoir un résultat positif avec la décision de la justice ivoirienne d'accéder à la requête des opposants.
Jeudi, 50 d'entre eux, dont l'ancien Premier ministre du gouvernement Gbagbo, Gilbert Aké Ngbo, ont vu leurs comptes bancaires dégelés.
Dans la foulée, des autorités annoncent la libération prochaine de plus d'une centaine de prisonniers pro-Gbagbo.
De l'avis du président du Réseau panafricain des jeunes démocrates (REPAJED) Constant Assoa, ces décisions interviennent comme une bouffée d'oxygène pour les partisans de l'ancien chef de l'Etat.
"Ces mesures marquent une volonté d'apaisement de la part du régime du président Alassane Ouattara", a estimé M. Assoa, faisant état d'actes "salutaires" sur le plan socio-politique.
"Cette mesure de dégel des comptes va permettre de décrisper la situation socio-politique et d'apaiser les tensions", a renchéri pour sa part le président de l'Action pour la protection des droits de l'Homme (APDH), une organisation de la société civile ivoirienne, Eric Sémian.
SATISFECIT DE L'ONU
La représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire, Aïchatou Mindaoudou, s'est réjouie de la reprise du dialogue politique entre le gouvernement et l'opposition pro-Gbagbo.
"C'est une preuve de responsabilité des deux parties et il s'agit d'une action positive", a noté Mme Mindaoudou, saluant la volonté de l'un et de l'autre des camps de privilégier l'intérêt national.
"Nous exhortons toutes les parties à consolider la paix et la cohésion sociale", a ajouté la cheffe de la mission onusienne, soulignant que le dialogue est la "seule voie de règlement des questions pendantes".
Le climat politique ivoirien avait connu un regain de tensions à la suite du transfèrement du leader de la jeunesse pro-Gbagbo Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.
Pour certains observateurs, une décrispation urgeait dans ce contexte "tendu" entre le pouvoir et l'opposition, afin de donner une nouvelle chance au processus de réconciliation en cours.