Un nombre record de 49 accords a été conclu mardi entre Beijing et Moscou, couvrant les domaines politique, commercial -l'énergie, les infrastructures et les technologies de pointe- et militaire, dans un mouvement visant à renforcer davantage le partenariat sino-russe.
Le Président Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine ont également publié une déclaration commune sur l'avenir des relations bilatérales.
Selon le communiqué, les deux pays vont élargir les règlements en monnaie locale pour le commerce bilatéral, les investissements transfrontaliers et les financements, et ils vont renforcer les échanges pour élaborer des politiques macro-économiques.
Vladimir Poutine, en visite à Shanghai pour un sommet asiatique sur la sécurité, est accompagné d'une imposante délégation de hauts fonctionnaires et de chefs d'entreprise.
C'est la septième fois que les présidents Xi et Poutine se rencontrent depuis qu’ils sont tous les deux devenus chefs d'Etat il y a plus d'un an.
L’agence de presse Xinhua a déclaré dans un commentaire publié mardi que les fréquentes réunions de haut niveau témoignent de liens de plus en plus amicaux entre Beijing et Moscou et de l'approfondissement de l'amitié même entre les deux leaders -deux pierres angulaires du développement des relations sino-russes.
Xi Jingping a annoncé les accords lors d'une conférence de presse conjointe après des entretiens qu’il a eus avec M. Poutine.
Cependant, bien que très attendu, l’accord sur le gaz naturel n’a pas encore été signé ; toutefois, les deux parties se sont engagées à poursuivre leurs efforts.
Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin a déclaré aux journalistes que « les pourparlers vont se poursuivre et des progrès substantiels ont été atteints, mais il y a encore beaucoup à faire sur les prix ».
On ne connait toujours pas la valeur totale des contrats signés, mais l'assistant présidentiel de Vladimir Poutine, Youri Ouchakov, a confié à l’agence de presse ITAR-TASS que le paquet d’accords a établi un record.
Cet ensemble de 49 accords comprend une coopération dans les secteurs de la finance, de l'énergie, des infrastructures et des technologies de pointe.
Les deux pays se sont engagés à augmenter le commerce bilatéral à 100 milliards de Dollars US en 2015 et à 200 milliards de Dollars US d'ici 2020. L’an dernier, il était de 90 milliards US.
Selon Alexandre Loukine, vice-recteur à l'Académie diplomatique du Ministère russe des Affaires étrangères, le volume des échanges commerciaux de la Russie avec la Chine pourrait dépasser celui établi avec l'Union Européenne.
« Le chiffre d'affaires du commerce de la Russie avec la Chine est à la hausse et il est aujourd’hui considéré comme tout aussi important. Plus l’Europe lui imposera des sanctions, plus la Russie se rapprochera de l'Asie, en particulier de la Chine », a-t-il affirmé.
Ce paquet d’accords souligne également la coopération au niveau local dans le domaine des investissements chinois dans l’Extrême-Orient russe. ITAR-TASS a ainsi rapporté que le Fonds d'investissement Chine-Russie allait investir environ 400 millions de Dollars US pour construire le premier pont ferroviaire à la frontière russo-chinois au-dessus du fleuve Amour (ou fleuve Heilongjiang en chinois), qui sera capable de traiter 21 millions de tonnes de marchandises chaque année.
Le pont raccourcira la route de transport de fret de 700 km, et créera un nouveau couloir d'exportation, a ajouté l'agence de presse.
Les deux pays vont également renforcer leur coopération militaire. Selon le journal russe Kommersant, la Russie et la Chine vont en effet concevoir conjointement un avion long-courrier à large fuselage, et des hélicoptères de transport lourds Mil Mi-26 seront produits en Chine.
Le journal a cité des sources de la délégation russe lundi, disant que la société russe United Aircraft Corp a élaboré un projet d'esquisse et une étude de faisabilité pour un avion long-courrier à fuselage large.
Une source a déclaré à Kommersant que « Ce projet est censé être un rival pour les avions américains et européens, et la Chine est intéressée par la construction d'au moins 1 000 appareils. Si le projet est un succès, nous pourrons créer une coentreprise à un certain moment pour rivaliser pleinement avec Airbus et Boeing. Nous sommes également prêts à acheter ces appareils pour nos besoins domestiques ».
La visite de Vladimir Poutine arrive alors que les relations entre Moscou avec les États-Unis et l'Union Européenne se sont dégradées ces derniers mois à la suite de la crise en Ukraine.
Vasily Kashine, expert en relations sino-russes au CAST, un groupe de réflexion sur la défense à Moscou, estime que la Russie pourrait essayer d'utiliser le voyage de Vladimir Poutine pour renforcer ses liens avec la Chine à un moment où les relations avec l'Occident se sont tendues du fait des sanctions liées à la situation en Ukraine.
Le Financial Times a rapporté pour sa part que, mis sous pression par l'Occident, le Président russe a voulu démontrer que son gouvernement n'était pas isolé et qu’il avait des partenaires qui pourraient l’aider à résister à l'Europe et surtout aux États-Unis.
Mais Gao Fei, professeur d'études russes à l'Université des Affaires étrangères de Chine, pense quant à lui que le partenariat stratégique sino-russe n'était pas dû à la pression de l'Occident, ajoutant que les deux pays s'efforcent de développer leurs économies respectives et recherchent des partenaires étrangers solides.
Qu Xing, Directeur de l'Institut chinois des études internationales, a déclaré de son côté que les relations sino-russes, qui se caractérisent par l'égalité et le soutien mutuel, sont un exemple de relations entre grandes puissances.
(Rédacteur:高茵、单薇)