La Chine aurait exclu l’Américain Symantec Corp et le Russe Kaspersky Lab de sa liste de fournisseurs de logiciels anti-virus autorisés dans un geste marquant la dernière tentative de réduire la dépendance envers les logiciels d'outre-mer au milieu de la sensibilisation croissante de la cybersécurité.
Avec la capacité d'innovation de plus en plus rapide des entreprises chinoises et les préoccupations croissantes quant à la sécurité de l'information après les révélations d'Edward Snowden, concernant un programme d'espionnage de l’Agence nationale de sécurité, les analystes estiment que les entreprises high-tech en Chine se dirigent vers un avenir prometteur sur le marché intérieur.
Il a également été indiqué que le bureau des marchés publics avait approuvé l'utilisation de cinq logiciels chinois anti-virus, à savoir : Qihoo 360 Technology Co, Beijing Venustech Inc, CAJinchen, Beijing Jiangmin Nouvelle Science and Technology Co et Beijing Rising Information Technology Co.
Yuliya Yudina, directrice adjointe des relations publiques de Kaspersky, a annoncé dans un communiqué que la société menait plusieurs enquêtes et avait engagé des conversations avec les autorités chinoises au sujet de cette question. Ajoutant qu’il était prématuré actuellement d'entrer dans des détails supplémentaires.
Un des produits de Symantec, le logiciel de prévention de perte de données, a été ajouté le mois dernier à la dernière liste de non-utilisation par le gouvernement chinois, en raison d'un risque potentiel de fuite de l'information.
Pour Wang Pei, directeur du système des logiciels de recherche du groupe chinois IDC, a déclaré que l'exclusion de cette liste a nui considérablement aux affaires de Symantec et Kaspersky en Chine, le gouvernement étant un important acheteur, soit 23 % du total des revenus du marché chinois par rapport à la sécurité.
Wang a fait observer que le contrôle de ces produits de technologies de l'information était sans précédent.
«Avec les préoccupations grandissantes quant à la sécurité de l'information, les autorités ont clairement montré qu’elles voulaient remplacer ces logiciels par des produits auto-développés, donnant l’occasion aux entreprises nationales de rattraper le retard sur les sociétés occidentales», a-t-il noté.
Wang Jian, analyste chez Analysys International, a elle précisé que la capacité d'innovation des entreprises chinoises était à la hausse, et que l'écart technologique entre les sociétés chinoises et étrangères de logiciels anti-virus se réduisait.
«En nommant cinq marques chinoises sur la liste des marchés publics, de plus en plus d’utilisateurs des compagnies chinoises, en particulier ceux ayant des liens étroits avec le gouvernement, devraient passer par des fournisseurs de logiciels internes».
Ces dernières années, lorsque Qihoo basée à Beijing a commencé à offrir des logiciels anti-virus gratuits, de nombreux développeurs de logiciels occidentaux ont placé leurs espoirs sur les utilisateurs qui souscrivent un service payant.
Symantec a été le leader du marché au niveau des entreprises de logiciels anti-virus en Chine en 2013. Les cinq firmes ayant une part de marché combinée de 56,8%,dont une seule compagnie chinoise, selon IDC Chine.
Qihoo bénéficie d'une position dominante dans le secteur des logiciels, mais depuis sa présence sur la liste des marchés publics en juillet 2013, la société a connu mensuellement une croissance à deux chiffres.
«Un nombre important d'internautes nous ont contactés après la lecture de la liste des marchés publics», a expliqué An Yang, un expert de la sécurité Internet chez Qihoo.Précisant le logiciel anti-virus contribuait à environ 60% du chiffre d'affaires du groupe en matière de sécurité de l'entreprise.