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La première Européenne à bord de l'ISS souhaite que l'homme effectuera des missions spatiales habitées plus lointaines

Xinhua | 31.10.2016 08h39

Les astronautes pensent tous à effectuer "les vols habités au-delà de l'orbite basse" et à une mission plus lointaine qui doit "se faire dans une coopération très large" avec un équipage composé des astronautes de différentes nations dont les Chinois, a déclaré récemment Claudie Haigneré, première femme astronaute européenne à bord de la Station spatiale internationale (ISS) et actuelle conseillère auprès du directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), lors d'une interview accordée à Xinhua, à l'occasion du lancement du vaisseau spatial habité Shenzhou-11 par la Chine avec deux astronautes chinois à bord.

"Actuellement, les stations spatiales se situent en orbite à 400 kilomètres environ autour de la Terre. On pense tous à ce que seront les vols habités au-delà de l'orbite basse et qu'un jour on aura une mission plus lointaine", a indiqué Claudie Haigneré, qui a souhaité que le premier équipage qui partirait vers des destinations plus lointaines, que soit la Lune ou Mars, sera "un équipage avec à la fois des astronautes européens, des Américains, des Russes et des Chinois".

A mesure du développement de l'exploration spatiale par l'homme, les différentes nations spatiales sont parvenues de plus en plus à un consensus sur la nécessité de renforcer la coopération internationale. Selon Mme Haigneré, les pays ont commencé à avoir une coopération qui a été jusqu'à présent essentiellement plus souvent une coopération scientifique. "Nous sommes aussi dans la coopération pour l'avenir qui peut être même sur les vols habités", a-t-elle indiqué.

Intérrogée sur le lancement récent du vaisseau spatial habité chinois Shenzhou-11, la Française a souhaité aux deux astronautes chinois "une très belle mission" avec un accomplissement réussi de leurs tâches scientifiques et techniques

"Ils vont avoir beaucoup de travail. Je suis sûre qu'ils sont tout à fait prêts pour le faire", a déclaré Mme Haigneré.

"Malgré cette mission très lourde qui va leur demander beaucoup de temps", Mme Hegneré voulait leur inviter à "prendre du temps pour eux-mêmes, pour vivre cette mission, pour pouvoir la partager au retour", notamment avec les jeunes générations qui vont certainement leur poser des questions.

"Il faut qu'ils regardent dans l'hublot, il faut qu'ils expérimentent leurs corps en microgravité, parce que tout cela, les jeunes vont leur demander. Qu'est-ce que vous avez vu? Qu'est-ce que vous avez senti? C'est à la fois pour l'éducation de ces jeunes, pour leur faire aimer la science et la technologie, et aussi pour les inspirer", a-t-elle expliqué, soulignant que c'est ce que tous les astronautes doivent faire au retour.

En 1996, Claudie Haigneré a effectué un vol de seize jours à bord de la station orbitale russe Mir, en tant que première femme astronaute de l'Union européenne (UE) dans le cadre de la mission franco-russe Cassioppéee. Et elle est devenue en 2001 la première astronaute française à bord de la Station spatiale internationale (ISS) en tant qu'ingénieur de bord No. 1 pour réaliser un programme expérimental dans les domaines de l'observation de la Terre, de l'étude de l'ionosphère, des sciences de la vie, ainsi que des sciences de la matière.

Se mettant à récapituler ses deux voyages spatiaux, Claudie Haigneré, docteur en neurosciences et également spécialiste en médecine aéronautique, s'est dit impressionnée le plus par la découverte d'un nouveau corps en flottant en microgravité dans l'espace.

"Découvrir la capacité de notre corps à s'adapter à cette nouvelle situation, découvrir la liberté et la capacité du corps de pouvoir se bouger, j'ai trouvé cela formidablement intéressant", a-t-elle affirmé, avant d'ajouter que la deuxième chose la plus intéressante c'était de regarder par les hublots la Terre et le cosmos.

"Ils (les astronautes) se sont entraînés beaucoup, mais ce qu'ils vont découvrir (dans l'espace) sera différent de ce à quoi ils se sont préparés", a fait remarquer Mme Haigneré, soulignant qu'"il faut immédiatement, quand ils arrivent en microgravité, dire 'ça y est! Je suis dans un nouvel environnement et c'est une autre vie'".

"Il ne faut pas qu'ils essaient de s'accrocher à ce qui était leur vie avant, sur la Terre. Il faut qu'ils se plongent, avec leur esprit et leur corps" dans l'espace, a-t-elle expliqué.

En octobre 2003, Claudie Haigneré a eu une conversation téléphonique depuis Paris avec Yang Liwei, premier astronaute envoyé par la Chine dans l'espace, quelques jours après son voyage spatial à bord du vaisseau Shenzhou-5. Durant ces dernières années, elle a toujours suivi de près les progrès réalisés par la Chine dans le vol habité.

"Je suis très impresionnée, sur le programme de vol habité chinois, par tout ce qui a été fait depuis 2003, le vol de Yang Liwei", a-t-elle déclaré.

"On voit un premier vol, ensuite deux taïkonautes envoyés en même temps, les rendez-vous spatiaux avec le laboratoire spatial, deux femmes taïkonautes qui ont volé, et puis cet amarrage avec Tiangong-2 par Shenzhou-11, et le cargo Tianzhou qui va arriver l'année prochaine...", a poursuivi Claudie Haigneré.

Selon elle, il est totalement "formidable" de pouvoir réaliser toutes ces étapes en 15 ans et la Chine arrivera à construire "une future station spatiale pour très bientôt".

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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