Dernière mise à jour à 09h20 le 19/10
(Photo d'archives) |
Pour les amoureux de l'histoire, c'est une nouvelle déchirante et incompréhensible : la Belgique a commencé la destruction de la Ferme des Quatre-Bras, un modeste bâtiment proche du champ de bataille de Waterloo qui vit la défaite finale de Napoléon face à une coalition menée par les Prussiens et les Britanniques le 18 juin 1815. Elle se trouve sur le territoire de la commune du même nom, où s'affrontèrent le 16 juin les troupes du maréchal Ney et une armée anglo-alliée, qui arrêtèrent l'avancée des Français. Deux jours plus tard, la ferme servit d'hôpital de campagne aux troupes anglaises puis françaises.
Pour Dominique Timmermans, le vice-président belge de l’association pour la conservation des monuments napoléoniens qui se battait depuis 2008 pour éviter la destruction de la ferme, c'est un déchirement : « On n’est pas du genre à s’enchaîner pour faire arrêter un chantier, mais c’est bien triste », a-t-il déclaré. Ce qui fut le modeste témoin d'une bataille qui changea l'histoire est désormais mise à bas, brique par brique, depuis début octobre. Les autorités belges ont autorisé la destruction de cette ferme, organisée en trois grandes ailes, pour faire place à un projet immobilier, qui comprend 400 m² de commerces et une « résidence-service » pour personnes âgées.
Selon Dominique Timmermans, « Le permis de construire a été refusé quatre fois, pour diverses raisons. Mais la cinquième fois il a été accepté, et nous ne l’avons pas vu ». La région wallonne a avalisé la destruction, le Ministère du patrimoine ayant auparavant refusé de protéger le bâtiment, pour une raison qui paraît ahurissante « On nous a répondu que les vestiges de 1815 étaient déjà nombreux », a soupiré, désolé, Dominique Timmermans, qui avait pourtant même bénéficié du soutien de Charles Wellesley, 8e Duc de Wellington, descendant du vainqueur anglais de Waterloo, en vain.
Mince consolation, à la demande du ministère, les porteurs du projet immobilier, la société ImmoRPM, ont toutefois accordé deux concessions aux défenseurs du patrimoine : la ferme sera reconstruite de façon « semblable » au bâtiment détruit, et en réutilisant 40 % des briques de l’ancienne ferme. La mémoire de ce bâtiment survivra donc, mais seulement par petits fragments...