Une autre amélioration constatée dans ce secteur en Chine est l’arrivée à maturité de la chaîne d'approvisionnement. Grâce à l'évolution rapide des transports, du stockage et d’autres équipements, construits à partir de rien lors de la dernière décennie, les vins de Bordeaux peuvent désormais être distribués même dans les villes de troisième et de quatrième niveau, a dit M. Jullien.
Le marché est également mieux ordonné. Pendant les premières années, lorsque les vins importés sont arrivés en Chine, les revendeurs pouvaient facilement vendre une bouteille de Bordeaux pour plus du double de son prix sur le marché.
« La période de chaos et de gros profits est terminée », a déclaré Liu Liming, qui a huit ans d'expérience dans le métier du vin et est maintenant directeur général pour la Chine du Nord chez Wine Art Co, un négociant en vins chinois. « Aujourd’hui, vous pouvez encore réussir à tromper quelques nouvelles personnes sur une bouteille, mais une fois que vous aurez acquis une mauvaise réputation, vous ne pourrez plus jamais en vendre une autre, quel qu’en soit le prix », a-t-il ajouté.
D'autres personnes du secteur approuvent. Wang Mingjie, Directeur boissons chez East Wine Cellar Co, un négociant en vins qui exploite également un restaurant haut de gamme à Beijing, a déclaré : « Les acheteurs sont désormais très astucieux. Ils s'en tiennent à leurs propres préférences et prennent leurs décisions en conséquence ».
Et les vendeurs de vin tel que Wang et Liu sont susceptibles de faire face à des clients plus avertis dans les années à venir. Selon un récent rapport de la Rabobank, les buveurs de vin de la Chine d'aujourd'hui sont en effet principalement âgés entre 20 et 39 ans et gagnent plus de 4 000 Yuans (630 Dollars US) par mois dans un métier qualifié.
« Les vins de raisin sont plus susceptibles d'attirer des buveurs soit plus jeunes, plus instruits, plus riches et/ou des femmes que le baijiu (alcool blanc traditionnel chinois) ou la bière ... avec la possibilité de former une base de consommateurs solide et dynamique dans les années à venir », selon le rapport.
M. Jullien a également remarqué cette génération émergente d’amateurs de vin et essaie d'attirer son attention. La France est, de loin, le leader sans partage des fournisseurs de vins étrangers sur le marché chinois.
En 2011, le volume des exportations françaises de vins vers la Chine a en effet représenté plus de trois fois et demie celui de l'Australie, son suivant le plus proche, selon le rapport de Rabobank. La plupart des vins provenaient de la région de Bordeaux. Au cours de la même année, les importations de vins en bouteille en Chine ont bondi de 65% par rapport à l'année précédente, à 241 millions de litres, la plus forte croissance enregistrée depuis la récession financière mondiale de 2007-2008, selon le rapport.
Une augmentation significative a été observée dans les livraisons de vins en Chine au cours des sept dernières années. Elles sont en effet passées de moins de 400 millions de litres en 2004 à 1,4 milliard de litres en 2011, selon le rapport.
Une forte croissance de la Chine, un énorme potentiel et une capacité à engloutir de grandes quantités de vins de qualité ont attiré de nouveaux arrivants comme l'Argentine et le Brésil. Cela a conduit à une concurrence intense entre les différents fournisseurs de vins.
Afin de consolider sa position sur le marché chinois, le CIVB prévoit de lancer une campagne commerciale informatique dans le pays, ciblant la jeune génération d'amateurs de vin par le biais de l'e-commerce, tels que des blogs et des sites de micro-réseaux sociaux. L'application mobile sur les vins de Bordeaux qui tourne sur les appareils portables en est un exemple.
Il a également entrepris de promouvoir davantage encore ses vins dans les villes chinoises de troisième rang et même de quatrième rang.
M. Jullien dit qu'il est « tout à fait confiant » au sujet de la poursuite du développement futur du marché du vin en Chine. Et cela pourrait peut-être juste commencer par un simple geste sur un écran.