« Toutefois, la lourde charge de travail et les salaires qui ne correspondent pas aux efforts font que de nombreux médecins estiment que leur travail n'est pas décent. A Beijing, un médecin de haut niveau peut arriver à seulement 300 000 yuans de revenus légaux par an. Mais dans la plupart des cas, leur revenu varie de 3 000 Yuans à 8 000 Yuans par mois. D'autre part, il y a aussi des médecins qui acceptent de l'argent illégal, comme des pots de vin, mais ce genre de revenus ne les fait pas pour autant se sentir plus à l'aise ».
M. Lu, âgé de 45 ans et médecin depuis 22 ans, approuve.
« Un membre de mon service ne perçoit que 3 000 à 4 000 Yuans par mois », dit-il. « Les médecins du plus haut niveau du service, comme moi, gagnent environ 10 000 Yuans par mois ».
Plusieurs excellents jeunes médecins du département l'ont quitté ces dernières années, car « ils ne voyaient aucun espoir », a-t-il dit.
Pourtant, la « charge de travail particulièrement lourde » que supportent les médecins et dont ils estiment qu'elle devrait avoir plus de valeur n'est pas la seule cause de pression.
Plus de 70% des personnes interrogées ont dit que les litiges médicaux et les « attentes trop grandes des patients » ajoutent également à leur charge de travail.
« Seulement un tiers des maladies peuvent être traitées efficacement par la science médicale, et il est parfois difficile de prédire comment une maladie va se développer », a déclaré M. Deng, qui a été médecin dans le Henan pendant huit ans. « Toutefois, les litiges médicaux surviennent parfois lorsque les patients et / ou leurs familles estiment que le traitement ne répond pas à leurs attentes ».
Une décision rendue par la Cour Populaire Suprême en 2001 avait déclaré que les hôpitaux devaient fournir la preuve attestant qu'ils n'étaient pas responsables des dommages subis par les patients si un patient les poursuivait pour un traitement qu'il estimait erroné.
Bien que la règle ait été abandonnée en 2010, « de plus en plus de gens ont déjà adopté la pensée stéréotypée selon laquelle toute insatisfaction qu'ils ressentent à propos du traitement a quelque chose à voir avec l'hôpital, et qu'ils vont obtenir une indemnisation dans la mesure où ils pourront attirer l'attention sur leur mécontentement », a dit M. Deng.
En tant qu'avocat, M. Deng a dit qu'il a vu différentes façons d'attirer l'attention : pas seulement en déposant des plaintes et des poursuites, mais aussi par le biais de bagarres, de harcèlement et de menaces.
Deng Bingbin, stagiaire dans un hôpital public de Beijing, croit que les attentes élevées des patients proviennent d'un manque de connaissances.
« Certains considèrent que payer pour un traitement médical est comme payer pour avoir un chou au marché », a-t-elle dit.
« Toutefois, ce n'est pas un chou. On ne peut pas simplement attendre qu'une maladie sera guérie du moment qu'on paie pour son traitement. La vie et la santé, ça ne s'achète pas ».