Avant de venir en Chine en 1997, Patrick Nijs a été en poste en Afrique. Là il a vu l'échec des méthodes de développement préconisées par l'Occident. « Chaque fois qu'on construisait quelque chose, ça se détruisait, et il fallait redémarrer à zéro. On a fini par ne plus croire en la possibilité pour l'Afrique de se développer. » Quant à la Chine, les Occidentaux prédisaient l'échec des ‘pôles de développements' mis en place à partir de Deng Xiaoping dans les années 1980. « On considérait la voie choisie par la Chine comme une impasse. On considérait qu'il fallait des développements intégrés, qu'on ne pouvait pas décoller trop vite, qu'on ne pouvait réinvestir que les surplus dégagés par l'agriculture, etc. » Mais l'histoire a montré que tout ça était faux.
La Chine présente un modèle original
« Le développement actuel de la Chine est un phénomène unique dans l'histoire de l'humanité. Ce que la Chine a réussi à faire depuis les années 1980 est fascinant. » À l'inverse de beaucoup d'intellectuels qui trouvent des antécédents au développement économique chinois dans l'histoire des tigres asiatiques par exemple, Patrick Nijs croit en la singularité du modèle chinois. « On ne pourrait pas recomposer ça ailleurs ! On ne retrouve nulle part cette façon d'aborder la question du développement. Partout ailleurs, les choses se passent à un rythme bien plus lent. » Et d'ajouter : « Pour une fois, on a une civilisation qui nous tient tête, et qui prétend en savoir plus que nous. Et ce n'est pas exclu. »
Certes la Chine semble à présent vouloir revenir à une forme de développement plus intégrée, plus lente, plus respectueuse de l'écologie, notamment depuis le XVIIIème Congrès du Parti. Mais l'expérience qu'elle a développée par elle-même lui a permis d'engranger des moyens de financement autrement plus impressionnants que si elle avait suivi un chemin plus organique.