L'hypermatérialisme en Chine n'est qu'une phase passagère
Ce pays a fait sa renaissance économique, mais est au tout début de sa renaissance culturelle. Il y a pour le moment une explosion de l'activité artistique qui est absolument fabuleuse. Mais Patrick Nijs croit que ce ne sont là encore que les débuts hésitants d'une renaissance culturelle qui sera bien plus puissante que tout ce qu'on a connu jusqu'ici. « Il va y avoir à un moment donné un retour de la Chine sur son antiquité. Pour l'heure, cette renaissance prend encore la forme hybride d'un mélange des cultures orientales et occidentales, et elle est encore fort liée à l'argent, nous explique Patrick Nijs, en désignant la multitude d'œuvres d'art de tout acabit qui nous entoure, et qui témoignent de l'explosion de l'expression artistique que vit la Chine pour l'instant. Mais il croit qu'un jour une forme d'intérêt plus profond pour l'essence de la culture chinoise va surgir, notamment du taoïsme et du bouddhisme, et qu'il y aura un retour à des formes plus pures de celle-ci. »
« L'influence des moines et des prêtres est aujourd'hui en Chine beaucoup plus grande qu'on ne croit. Les gens sont un peu paumés au niveau des valeurs. »
Aujourd'hui en Chine, les églises chrétiennes sont pleines. Et la fréquentation des temples bouddhistes et taoïstes est certainement plus importante encore. « Les gens se rendent bien compte que certaines valeurs font défaut. Ce sont des questions qui les obsèdent. Dans ce contexte, les prêtres taoïstes et moines bouddhistes sont loin d'être rejetés, ils ont beaucoup de disciples et sont fort sollicités. Parallèlement, le rapport Église – État à la chinoise est intéressant. Aujourd'hui il y a un vrai échange. L'État l'apprécie et ne se mêle pas de manière outrancière de ce qu'ils font. »
Coexistence entre l'Occident et l'Orient.
À l'heure actuelle, la Chine prend le monde de front, et elle fait peur. Les Etats-Unis disposent d'un softpower qui leur permet de faire accepter leurs excès. Ce softpower fait aujourd'hui défaut à la Chine. Mais pour Patrick Nijs, la Chine n'est pas un pays brutal. Et elle dispose d'un héritage culturel susceptible de profiter grandement au monde. « Il y a dans ce pays des doses de compassion extraordinaires. Je crois au métissage, à l'enrichissement culturel. Il n'y a rien d'aggressif dans le taoïsme, dans le bouddhisme non plus. Ce sont des courants de pensée et des religions qui font de la tolérance la valeur fondamentale. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Je suis convaincu que les grandes réponses qui vont déterminer l'avenir viendront de Chine. Quand on voit la puissance de ce pays, tout va se décider ici. »