Depuis la tenue des élections présidentielle en décembre 2010, le processus des élections législatives souffre d'énormes difficultés d'incompréhension et de blocage de tout dialogue francs et sincère entres les acteurs politiques guinéens.
Les accords de sortie de crise signés entres les hommes politiques et ceux de la société civile à Ouagadougou en 2010, avaient préconisé l'organisation des élections législatives pour doter le pays d'une Assemblée nationale digne de nom, pouvant contribuer à crédibiliser l'image de la Guinée.
Au lendemain des élections présidentielles jugées crédibles par l'opinion nationale et internationale, le blocage du processus a commencé avec la volonté des uns d'aller aux élections législatives avec l'ancien fichier électoral et la détermination des autres à procéder à une révision des listes électorales, dans le but de corriger les anomalies décelées dans l'ancien fichier.
Parallèlement à cette question de révision ou de recensement électoral qui divise la classe politique de l'opposition et celle de la mouvance présidentielle, d'autres revendications ont été posées sur la table d'un dialogue initié par le ministre de l'administration du territoire et de la décentralisation.
Parmi ces revendications avancées par l'aile dure de l'opposition guinéenne regroupée au sein du collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et l'Alliance pour la démocratique et le progrès (ADP), figure en bonne et due place, la réhabilitation des élus locaux destitués, le vote des Guinéens de l'étranger, le traitement équitable dans les medias publics, la recomposition paritaire de la CENI et le recrutement d'un nouveau opérateur pour la révision du fichier électoral.
Devant cette bretelle de revendication non satisfaite par le pouvoir, l'opposition a opté pour des mouvements de protestation et de revendication à travers des marches dites "pacifiques'' et des meetings politiques, avec des morts et des blessés enregistrés selon des organismes de défense des droits de l'homme.
Pour trouver une solution à la crise, un cadre de dialogue politique inclusif (CDPI) a été ainsi mis en place pour examiner les questions relatives à la commission électorale nationale indépendante (CENI, organe en charge de l'organisation de toutes les élections politiques en Guinée), au fichier électoral, aux dissolutions des conseils communaux, au manque de respect des textes de lois, etc.
Malgré la pertinence des résultats de ce cadre de dialogue inclusif, le chemin vers la résolution de la crise politique a été parsemé de zizanies, de nature à plonger le pays dans une atmosphère d'incertitude pour la tenue des élections législatives en 2012.
Toujours est-il que la mise en place d'une nouvelle CENI à travers l'adoption d'une loi organique sur la recomposition et le fonctionnement de cette institution par le Conseil national de Transition (CNT, organe parlementaire de la transition), a été une avancée remarquable pour les observateurs de la scène politique guinéenne.
Mais, pour certains analystes politiques, les nouveaux axes de revendications de l'opposition, notamment le vote des Guinéens à l'étranger et la question du renvoi ou non de l'opérateur Waymark, risquent de provoquer un nouveau revirement du climat politique actuel.
Dans l'ancien fichier électoral guinéen, 18 circonscriptions électorales avaient été installées dans 17 pays et deux circonscriptions aux Etats Unis d'Amérique, pour un total de 200 000 électeurs recensés à l'étranger, ce qui représente environ 5% de l'électorat guinéen.
Pour le porte-parole du Collectif et l'ADP Aboubacar Sylla, vouloir nier l'importance du vote des Guinéens à l'étrangers est une violation de la loi qui expose le pays à des situations désastreuses.
"Cette fois ci, nous pensons que la CENI va tout mettre en oeuvre pour permettre aux compatriotes guinéens installés hors du pays d'exprimer leurs droit de vote pour la députation en vue dans notre pays'', afin de leur permettre de manifester la citoyenneté sur l'avenir de leur pays, a déclaré M. Sylla.
La mouvance présidentielle a jugé inopportune le vote des Guinéens à l'étranger qui, pourrait encore retarder le processus des élections législatives qui ont été ajournées plusieurs fois.
Pour réexaminer toute cette problématique sur le processus électoral, les 25 commissaires de la nouvelle CENI étaient en conclave la semaine dernière dans une préfecture voisine de Conakry.
Selon un cadre de la CENI joint au téléphone lundi par Xinhua, un rapport d'activité est actuellement à rédaction, afin d'informer l'opinion nationale et internationale sur les difficultés et les dispositions à prendre pour des élections législatives libres et crédibles.