L'avocat Jean Dégli, ancien membre du barreau de Paris, s'est montré critique d'un mode de défense des droits de l'homme « à la carte » au Togo, estimant que les organisations sont plus à la rescousse des riches dans ce pays, dans une interview publiée lundi par le journal privé Forum de la semaine.
Me Dégli, connu très tôt dans les années 1990 comme l'un des acteurs de la question des droits de l'homme, parle de l'existence à présent au Togo de « néo-défenseurs ».
Il leur reproche d'avoir dévoyé la défense des droits de l'homme en prenant fait et cause seulement pour des personnalités nanties.
« Ici au Togo, les choses ont désormais changé. On crée une organisation des droits humains comme un fonds de commerce pour avoir de l'argent et on dénonce les violations des droits lorsqu'on est payé pour ou qu'on est avocat de la personne », a déclaré Me Dégli, président d'honneur de la Ligue togolaise des Droits de l'Homme (LTDH).
« Le travail de défense des droits de l'homme qui est par excellence bénévole n'était pas du tout un gagne-pain », a expliqué cet avocat, faisant allusion aux années 1990, époque d'émergence des associations de défense des droits de l'homme au Togo.
Me Jean Dégli rapporte qu'aujourd'hui les défenseurs « approchent eux-mêmes les victimes présumées, leur proposent de donner telle somme pour leur organiser le travail ».
« Mais la plupart du temps, ils n'informent pas les vrais défenseurs des droits de l'homme qui tombent ainsi naïvement dans le panneau », a ajouté cet avocat, associé d'une société d'avocats togolaise, poursuivant qu'il s'agit d'une situation « grave ».
« La défense des droits de l'homme se fait bénévolement. C'est ce qui nous permet d'être indépendant et impartiaux aussi bien vis-à-vis de la victime que du violateur des droits et d'apprécier les faits de façon froide et objective », a fait noter Jean Dégli qui vit désormais au Togo après un long exil.
Jean Dégli est l'un des avocats de l'Emirati Abass Al Youssef, victime d'une arnaque de 48 millions de dollars dans laquelle un ancien ministre togolais Pascal Bodjona, un homme d'affaire togolais Bertin Agba et l'ex-PDG du groupe pétroler Elf, Loïck Le Floch-Prigent, sont interpelés et détenus.