Le 20 mars de chaque année, les Tunisiens célèbrent l' indépendance de leur pays après laquelle la Tunisie a passé par trois étapes décisives dans son histoire : l' époque postindépendance, l' ère Ben Ali et la période transitoire postrévolutionnaire.
Le gouvernement tunisien avait signé le 20 mars 1956 un protocole avec la France consacrant l' indépendance de la Tunisie. Le 8 avril de la même année, la première Assemblée constituante tunisienne fut élue sous la présidence d' Habib Bourguiba qui devint plus tard le premier président de la République tunisienne.
"Nous ne saurions oublier que nous sommes des Arabes, enracinés dans la civilisation islamique, pas plus que nous pouvons négliger le fait de vivre la seconde moitié du 20e siècle. Nous tenons à participer à la marche de civilisation et à prendre place au cœur de notre époque", a rapporté l' un des ministres de la Tunisie postindépendance citant Habib Bourguiba.
Pour la majorité des historiens tunisiens, le président Bourguiba demeure le fondateur de la Tunisie moderne avec l' engagement dans des réformes afin de parachever la souveraineté du pays et promouvoir la société tunisienne via la propagation de l' enseignement et la promulgation du Code du statut personnel. En 1963, Bourguiba proclame que "la bataille contre le sous-développement est une lutte pour la dignité de l' Homme et la gloire de la patrie".
Après une relance dans les années 1970 grâce à la libéralisation de l' économique, la Tunisie a connu au milieu des années 1980 un étouffement de son développement économique et social avec l' amplification du clientélisme, la situation devint plus complexe avec l' âge avancé de Bourguiba et la Tunisie bascula dans une crise politique et sociale aigue. Le 6 novembre 1987, un groupe de médecins tunisiens signaient un rapport certifiant l' incapacité mentale de Bourguiba et Ben Ali qui était alors le Premier ministre prit en main le pays.
Sous la présidence de Ben Ali pendant plus d' une vingtaine d' années, des organisations non gouvernementales et des médias étrangers dénonçaient régulièrement ses politiques en matière de droits de l' Homme qui nourrissent la dictature à travers la répression, l' emprisonnement de ses opposants et la violation de la liberté d' expression.
Le régime Ben Ali fut également affecté par une généralisation de la corruption administrative et fiscale dont bénéficia principalement la famille présidentielle au pouvoir. Le 14 janvier 2011, un mouvement de protestation basé sur une colère populaire accumulée força Ben Ali à fuir la Tunisie et abandonner son poste pour prendre refuge en Arabie Saoudite laissant derrière lui un bilan dépassant 300 blessés et morts outre des dégâts matériels suites à des actes de violence, pillages et saccages de biens publics et privés sur tout le territoire tunisien avant que l' armée n' intervienne pour atténuer la situation incontrôlable. Selon des observateurs étrangers, le coût total des destructions lors des manifestations est évalué à 1,4 milliards d' euros.
Après la "révolution" du 14 janvier 2011, la Tunisie a connu deux gouvernements de transition en la période de quelques mois jusqu' aux élections le 23 octobre 2011 de l' Assemblée constituante la deuxième après celle de l' après indépendance. Ainsi, les islamistes du mouvement Ennahdha (Renaissance) avaient pris le pouvoir après avoir bénéficier d' une majorité populaire.
Après des années soit en prison soit en asile politique à l' étranger, les leaders islamistes d' Ennahdha ont occupé 89 parmi les 217 sièges de la Constituante, ce qui leur a permis de conduire le pays dans le cadre d' une coalition avec deux autres alliés laïcs en l' occurrence le Congrès pour la République (parti de l' actuel président de la République) et le Forum démocratique pour le Travail et les Libertés (parti de l' actuel président de la Constituante).
Après une année 2011 jugée "catastrophique" avec la chute des équilibres économiques et sociaux du pays, la Tunisie a enregistré à partir de la 2e moitié de 2012 des prémices d' une reprise avec l'amélioration de la croissance appuyée par la performance du secteur agricole qui était à l' abri des impacts directs de la révolution. Toutefois, le gouvernement à majorité islamiste n' a pas réussi à tenir ses engagements envers le peuple concernant entre autres l' accélération du développement régional, la création de la richesse, la lutte contre le chômage, la justice transitionnelle et la promotion du mode de vie du citoyen.
Le 6 février 2013, la Tunisie a connu un tournant jugé le plus fatal dans son histoire. Chokri Belaïd, l' un des farouches opposants anti-islamistes et leader du Parti des Patriotes démocrates unifié, a été abattu par balles alors qu' il quittait sa demeure dans l' un des quartiers huppés de la capitale Tunis. L' opposition ainsi que la famille du défunt soupçonnent Ennahdha et ses "milices".
Cet assassinat politique a déclenché une crise politique et sociale dans tout le pays menant à la démission le 19 février 2013 du Premier ministre islamiste Hamadi Jebali, qui a échoué de former un gouvernement technocrate, il a été ainsi remplacé l' ex-ministre de l' Intérieur Ali Laarayedh, égaglement leader d' Ennahdha. Ce dernier vient de prendre officiellement ses fonctions le 14 mars 2013.
Bien qu' il a été critiqué par une majorité de l' opposition et des composantes de la société civile tunisienne faute de performance à la tête de l' institution sécuritaire, le nouveau chef de gouvernement Ali Laarayedh a promis de faire du rétablissement de l' ordre, la promotion des conditions de vie des citoyens, la maitrise des prix et l' élaboration d' une feuille de route politique claire préparatoire aux prochaines élections ses priorités fondamentales tout au long de son mandat qui, selon lui, ne dépasserait pas fin 2013.
Du côté de l' Assemblée constituante, les députés viennent d' approuver l' agenda de leurs travaux pour la dernière étape transitoire prennant fin avec l' adoption de la Constitution, du code électoral pour ainsi tenir les élections présidentielles et législatives, qui donneront la stabilité et la légitimité aux institutions de l' Etat et assureront à la fois les citoyens et les partenaires étrangers de la Tunisie.
D' après l' agenda approuvé par les élus du peuple tunisien, le 27 avril 2013 sera désormais la date butoir pour parachever le projet de la Constitution et le 8 juillet 2013 dernier délai pour la première lecture avant de valider la date des prochaines élections entre le 15 octobre et le 15 septembre 2013.