Démarrée le 26 mars courant dans la capitale tunisienne, la 12e édition du Forum social mondial ( FSM) prendra fin samedi avec une assemblée de convergence finale à l'avenue Bourguiba et une marche de solidarité avec le peuple palestinien dans le cadre de la journée de la terre. Le dispositif sécuritaire serré et la grande affluence tunisienne, arabe et étrangère que connaît cet événement n'ont pas caché plusieurs " énigmes" liés à la médiatisation outre des insuffisances d'ordre organisationnel et logistique.
L'édition tunisienne du FSM a regroupé à Tunis 50 mille participants sans compter les deux mille organisateurs (comité d' organisation) dont 600 bénévoles. Quelques 1 800 journalistes à majorité étrangères ont assuré la couverture médiatique de cet événement, d'après Mohiédine Charbib du comité d'organisation. Selon lui, un budget prévisionnel d'un million d'euros a été alloué en prévision du FSM 2013 "mais il n'a été possible de réunir qu'entre 700 et 800 mille euros", a-t-il précisé.
Médiatisation locale timide et avarice promotionnelle à l'étranger
A l'exception de la journée inaugurale, le Forum social mondial n'a pas réussi à séduire les médias locaux qui ont affiché une certaine "timidité" dans le traitement des différentes activités de l'évènement. De même, le FSM 2013 n'a pas réussi à laisser une trace au niveau mondial malgré les efforts des altermondialistes soutenus par des mouvements sociaux et syndicalistes.
Contacté par le correspondant de l'agence de presse Xinhua, le rédacteur en chef du quotidien tunisien La Presse, Khemais Arfaoui a indiqué que "la couverture médiatique du FSM a manqué de professionnalisme essentiellement du côté des organisateurs qui n' ont pas bien communiqué sur l'événement".
Ainsi, a-t-il poursuivi, "les journalistes ont été contraints à prendre le train en marche" d'autant plus qu'une majorité de rédacteur en chef et responsables de médias tunisiens n'ont pas été renseignés sur le programme du FSM de nature à "bien préparer des plans de couverture et profiter de l'ampleur de ce forum mondial".
Au volet médiatique, "ce qui est étonnant est que le FSM fut précédé (du samedi 23 au lundi 25 mars 2013 à Tunis) par un autre important événement d'envergure mondiale le 3e Forum Sciences et Démocratie", a confié à Xinhua Hichem Guerfali, directeur général du groupe tunisien 3C Etudes pour les études et les sondages. Le passage sous silence de ce forum scientifique mondial "m'a donné un avant-goût sur le Forum Social Mondial", pour reprendre l' expression de M. Guerfali.
Ce qui est "gênant" pour le parton de 3C Etudes est l'avarice promotionnelle du FSM 2013 à l'échelle mondiale en plus de la manipulation de cet événement en tant que l'une des réalisations postrévolutionnaires de la Tunisie au moment où "ce sont les étrangers qui sont à l'origine du choix de Tunis pour abriter les assises de ce forum mondial".
"Le plus important est de contrecarrer l'image négative véhiculée par certains médias occidentaux sur la Tunisie notamment après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd et les récents défaillances sécuritaires", a encore estimé M. Guerfali réalisant qu'"il fallait en profiter pour drainer les investisseurs étrangers et les touristes à moins que les organisateurs n'avaient pas les moyens de médiatiser internationalement cet événement".
Des défaillances organisationnelles et logistiques
Les assises de la 12e édition du Forum Social Mondial ont été affectées par plusieurs défaillances à base organisationnelle dont un "échec relatif" des bénévoles chargés de l'orientation et de l' information des participants faute d'expertise et d'expérience, comme l'a confirmé Mme Fatma Jabari chargée de l'encadrement au comité d'organisation.
Selon elle, des défaillances logistiques ont été également enregistrées menant au changement d'horaire voire même à la suppression de plusieurs activités au menu de cet événement.
Bien que les organisateurs du FSM aient insisté sur l'aspect non-partisan de leur événement, des slogans politiques anti- islamistes et hostiles à l'administration tunisienne en place ont été scandés, et des documents ont été distribués appelant à faire chuter le gouvernement tunisien d'Ali Laarayedh récemment établi Premier ministre.
D'un autre côté, quelques altercations et échanges de violence ont été observés en marge du FSM entre un groupe d' étudiants tunisiens et des Syriens sympathisants du président Bachar Al-Assad qui ont brûlés les drapeaux d'Israël et de l' Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
Malgré le manque d'ampleur médiatique et les insuffisances logistiques et d'organisation, le 12e Forum Mondial Social a été remarquablement "couvert" par un dispositif sécuritaire musclé mobilisé par les autorités tunisiennes sur le périmètre du grand- Tunis. Mieux encore, cet événement a alimenté une dynamique économique momentanée dont le prolongement sera tributaire, selon des Tunisiens rencontrés par le correspondant d'Xinhua, de l' établissement de l'ordre et la stabilisation sécuritaire à l' intérieur du pays et sur les frontières.