Après avoir entamé l'année 2012 avec 34% des suffrages, l'actuel chef d'Etat tunisien Moncef Marzouki poursuit son recul en termes d'intentions de vote en cas d'élections présidentielles pour arriver à 3,4% cédant la 2e place au Premier ministre démissionnaire Hamadi Jebali qui bénéficiait de 8,7% des voix.
L' ancien Chef de gouvernement Béji Caïd Essebsi garde encore son leadership avec 10,1% des votes.
Il s' agit des résultats de la 15e vague du baromètre politique pour le mois de mars 2013 (démarré depuis janvier 2012) du groupe tunisien des études marketing et sondages (3C Etudes). Ces résultats ont été présentés jeudi lors d' une conférence de presse à Tunis par le Directeur général de 3C Etudes Hichem Guerfali.
"En cas d' élections présidentielles aujourd' hui, 43% des Tunisiens qui ont l' intentions de voter seraient encore indécis, incapables de porter leur choix sur un candidat : un chiffre important quoiqu' en baisse de 6 points par rapport au mois dernier soit 49%", a confié M. Guerfali au correspondant de l' Agence de presse Xinhua.
Selon M. Guerfali, "Béji Caïd Essebsi (désormais président du parti opposant Appel de Tunisie) viendrait en tête en hausse de 3,3 points et refait ainsi le retard enregistré dans les deux derniers mois". Evoquant l' actuel Premier ministre Ali Larayedh qui vient à la 5e position pour les présidentielles, le patron de 3C Etudes a précisé que cette performance revient "probablement à la nomination de M. Larayedh à la tête du gouvernement".
En cas d' élections législatives, les islamistes d' Ennahdha reprendraient la première place qu' ils l' avaient perdue deux mois auparavant et récoltaient 30,9% des voix en avance d' un point et demi sur le mois de février 2013. Par contre, le parti Appel de Tunisie rétrogradait à la 2e position avec 28,7% des suffrages contre 29,8% en février passé. La 3e position est revenue à une coalition de gauche tunisienne, le Front populaire avec 9,2% mais en baisse par rapport au mois précédent ou il a eu 12,2% des votes.
Dans ce cadre, 38,5% des électeurs potentiels ayant l' intention de voter ne pourraient pas porter leur choix et restaient indécis sur un candidat aux législatives.
En se référant au résultats de ce sondage, force sera de remarquer trois fractures dans le paysage politique tunisien : une bipolarisation entre Ennahdha au pouvoir et Appel de Tunisie de l' opposition, la présence de la gauche avec le Front populaire et finalement des partis politiques qui n' arrivent pas à dépasser le seuil de 2% des suffrages, a commenté Frida Dahmani, une oratrice représentant le magazine "Jeune Afrique" à Tunis.
Le 15e baromètre de 3C Etudes a évoqué également le rendement du gouvernement tunisien, la question sécuritaire, la prestation de l' opposition et celle des médias tunisiens. "La satisfaction des Tunisiens quant à la situation sécuritaire perd encore 5 points et s' établit à 33%", comme l' a affirmé à Xinhua le premier responsable de 3C Etudes M. Guerfali.
"Leur satisfaction quant à la prestation du gouvernement, a-t-il poursuivi, se redresse pour remonter à 32%. Loin devant, la satisfaction de la prestation des médias remonte à 65%". D' après M. Guerfali, l' opposition tunisienne "pourrait avoir un potentiel énorme si elle arrive à satisfaire les Tunisiens pour ainsi avoir une importante marge de progression lors des prochaines échéances".
Pour Mme Dahmani, "l' opposition pourrait atténuer le taux élevé de l' abstentionnisme soit environ 50% observé lors des dernières élections du 23 octobre 2011 auprès des jeunes et des femmes". Cela s' explique, a-t-elle ajouté, par des insuffisances rencontrées par une majorité des partis de l' opposition au niveau de la structuration régionale et du financement.
Les conclusions tirées à travers les résultats de ce sondage portent essentiellement sur l' ancrage de la bipolarisation entre le parti islamistes Ennahdha et le parti Appel de Tunisie qui dépassent de loi leurs poursuivants en termes d' intentions de votes. Il s' agit également de l' inefficacité des deux principaux alliés d' Ennahdha au pouvoir à savoir le Congrès pour la République et le Forum démocratique pour le Travail et les Libertés qui reculent incessamment dans les sondages sans omettre le rôle "régulateur" que pourraient jouer le Front populaire (gauche) et le parti Républicain (socio-libéral) en tant que contrepoids politiques.