Taire la polémique et s'inscrire dans une démarche consensuelle pour la mise en place d'un cadre de dialogue qui répondrait aux attentes du pouvoir et de l'opposition, telle semble être l'option choisie dorénavant par les deux camps, dans la perspective d'une sortie de crise heureuse.
C'est dans cette dynamique que l'opposition a renoncé à sa manifestation initialement prévue ce lundi, alors que le gouvernement pour sa part a accepté le retrait du général Lamine Cissé, qui avait endossé le dossard de facilitateur international devant superviser les travaux de ce dialogue qui en train de prendre forme. Autre signe encourageant allant dans le sens de calmer le jeu entre le pouvoir et l'opposition, la poursuite de la mesure de suspension des activités de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Pour ce qui est de la facilitation internationale sollicitée par l'opposition, le gouvernement guinéen à travers le Premier ministre Mohamed Saïd Fofana, a adressé un courrier aux Nations Unies, pour solliciter la désignation d'une personnalité devant jouer le rôle de facilitateur, au nom de la communauté internationale, dans cette concertation censée aboutir à des résultats probants. Ceci, pour la tenue des élections législatives, qui pourraient connaître ainsi la participation de tous les partis désireux de compétir dans un jeu démocratique "libre et transparent".
Un autre fait mérite d'être pris en compte dans la décrispation soudaine de l'atmosphère politique. Il s'agit en fait des audiences accordées récemment à certains leaders de l'opposition par le président Alpha Condé au palais Sekouthouréa.
Le chef de l'Etat guinéen s'est ainsi retrouvé en tête-à-tête, tour à tour avec Lansana Kouyaté du Parti de l'espoir et du développement national (PEDN) et Sidya Touré de l'Union des forces républicaines (UFR). Ces opposants ont déclaré à propos de cette rencontre avec le président, que celui-ci avait laissé entendre que le Premier ministre Mohamed Saïd Fofana devait servir d'interlocuteur à l'opposition, pour toutes les questions relatives au cadre de concertation.
Pour contraindre la classe politique à privilégier le dialogue au détriment des confrontations dans la rue avec leur corolaire sur la quiétude sociale, le Mouvement social composé qui comprend en son sein les 8 centrales syndicales et le Conseil national des organisations de la société civile de Guinée (CNOSCG) est sorti de son "mutisme" pour appeler les acteurs politiques autour de la table de négociation.
Cette réaction a été menée de concert avec les institutions républicaines, dont le Conseil national de la Transition (CNT), le Conseil économique et social (CES) et le Conseil national de la communication (CNC), qui au terme de deux jours d'un conclave qui s'est déroulé au palais du peuple la semaine dernière, créé un comité permanent de veille.
Ce cadre a pour missions la "prévention des crises et l'intermédiation entre les acteurs économiques, sociaux et politiques, chaque fois que de besoin".
Le comité de veille a en outre invité les acteurs politiques à s'abstenir de toute manifestation de rue et à privilégier le dialogue inclusif.
Un appel qui semble avoir été entendu par la classe politique, qui est à pied d'oeuvre pour la mise en place du cadre de dialogue, où seront discutés les points litigieux portant sur les préparatifs du scrutin législatif. Ces points concerne le retrait de l'opérateur sud-africain Waymark de la gestion du fichier électoral et le vote des Guinéens de l'étranger.
Des résultats qui découleront de ce cadre de dialogue, dépendra la bonne tenue des législatives.
L'espoir est tout de même permis, vu que les deux camps ont décidé d'arrondir les angles pour parvenir à sauver le processus de transition.