Le Sénégal, pays musulman à plus de 90%, "n'est pas totalement à l'abri d'une propagation de la menace jihadiste", indique un rapport de l'Institut d'études de Sécurité (ISS, en anglais) et de la division sécurité régionale de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) , publié mardi à Dakar.
Selon le rapport, "le caractère transnational des acteurs, la porosité des frontières ainsi que la réduction de l'espace par les moyens de communication modernes semblent favoriser l'expansion du phénomène jihadiste dans la sous-région ouest-africaine".
"Le rempart que constitueraient les marabouts et les confréries (au Sénégal) ne peut plus convaincre en raison de la contestation dont elles (les confréries) font l'objet en leur sein- même et du fait de la fragmentation de l'autorité des califes, de l'existence de groupes situés à leurs périphéries, composés d'éléments quasiment embrigadés sous l'égide de chefs charismatiques", souligne le rapport.
Le document relève que les choix du Sénégal "en matière de politique étrangère combinés aux limites des services de renseignements, notamment en matière de coopération régionale, montrent que l'État sénégalais n'aurait qu'une emprise limitée sur l'évolution de la situation".
"La dualité du système éducatif sénégalais dans sa forme actuelle (école de type occidental et école coranique) pourrait générer dans les prochaines décennies, si ce n'est déjà le cas, de grandes frustrations récupérables par les mouvances islamistes et qui pourraient aboutir à une profonde fracture sociale par une socialisation différenciée des futurs citoyens d'une même nation en devenir", préviennent les auteurs du rapport.
"Il est urgent de rétablir l'équilibre nécessaire et surtout d'affirmer une présence et une maîtrise de l'État sur des questions aussi sensibles que le contrôle des moyens de transmission du savoir et de socialisation", conclut le document.
Le ministre sénégalais des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, Mankeur Ndiaye, a assuré en avril que le Sénégal a pris toutes les mesures qui lui permettront de ne pas vivre une situation similaire à celle du Mali, exhortant toutefois à la vigilance face au "développement du terrorisme" dans la bande sahélienne.