Le porte-parole du gouvernement guinéen Albert Damantang Camara a laissé entendre ce mardi sur les antennes d'une radio étrangère que tout était "envisageable, dans le cadre d'une sortie de crise, y compris le report de la date du 30 juin prévue pour la tenue du scrutin législatif", mais à condition de "se mettre autour de la table de dialogue pour discuter des sujets qui fâchent".
Par cette déclaration, le porte-parole du gouvernement a fait savoir que la porte restait ouverte à l'opposition, si jamais celle-ci manifestait le désir de rejoindre le navire, en prélude aux élections législatives qui pointent à l'horizon.
Du côté de l'opposition, cette possibilité de déplacer les " balises", comme l'entrevoit Damantang Camara, fait partie des préalables à toute participation à un cadre de dialogue. Les opposants en plus de leurs revendications portant sur le choix " transparent d'un opérateur technique neutre et compétent pour la mise à jour du fichier électoral et de la confirmation du vote des Guinéens de l'étranger, conformément aux dispositions du Code électoral "exigent en effet que soit rapporté le décret convoquant les électeurs aux urnes pour le 30 juin prochain. Même si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est sur le point de boucler les préparatifs du scrutin.
L'enregistrement des candidatures ayant été stoppé le 19 mai dernier, ainsi que l'enrôlement des électeurs, opération qui a pris fin le 14 mai.
Ce lundi était prévue une concertation visant à plancher sur la "transparence et la sécurisation du processus électoral". Cette rencontre a été boudée par l'opposition, qui n'a pas jugé opportune d'y aller, étant donné qu'elle s'est abstenue de prendre part à l'élection.
Malgré cette crispation de l'atmosphère politique, il faut dire que le facilitateur international Saïd Djinnit multiplie les contacts, dans l'espoir de parvenir à chasser les démons de la " division" qui hantent la Guinée, depuis un certain temps.
D'ailleurs, preuve que l'opposition pourrait répondre à une main tendue du gouvernement, dans la perspective de la mise en place d'un cadre de dialogue, Sidya Touré, président de l'Union des forces républicaines (UFR), et membre du collectif de l'opposition républicaine a été reçu par le président guinéen samedi dernier à son palais.
Au sortir de cet entretien qui a duré plusieurs heures, l'opposant s'est montré plutôt optimiste, quant à un éventuel report du scrutin du 30 juin. Sidya Touré, qui s'est confié à la presse locale, a indiqué que les choses seraient loin d'être au point, du point de vue préparatifs pour permettre le bon déroulement du vote le 30 juin.
Le président de l'UFR a évoqué la possibilité d'un aboutissement de la démarche du facilitateur international, en faveur d'un cadre de dialogue inclusif.
Il faut toutefois rappeler que l'opposition entend reprendre la rue, dès le jeudi 23 mai, pour se faire "entendre" des autorités compétentes, dans ce bras de fer qui tourne autour des préparatifs du vote des législatifs.
Cette marche "pacifique" sera précédée mercredi des obsèques des jeunes militants de l'opposition décédés lors des événements récents, qui ont plongé la capitale dans un climat d'agitation.
Cette cérémonie funèbre avait été initialement prévue pour lundi, avant d'être reportée à mercredi. Et dans un communiqué publié à cet effet, l'opposition dit avoir pris cette décision " pour donner une envergure exceptionnelle à cette cérémonie en reportant son meeting d'information et de sensibilisation initialement prévu le même jour dans la commune de Kaloum".