L'opposition guinéenne a lancé lundi de nouvelles menaces de manifestations publiques, malgré des efforts entrepris par le collège de facilitateurs, dirigé par le diplomate onusien Saïd Djinnit.
Le porte-parole de l'opposition radicale Aboubacar Sylla a fait cette annonce à travers les médias. Les opposants entendent battre le pavé, à partir du 22 mai, ce pour trois jours. Ces actions vont débuter par un meeting prévu dans la commune de Kaloum, au cœur de la capitale.
Le meeting sera suivi d'une marche "pacifique", le lendemain. Le clou de ces actions sera marqué par une journée "ville morte".
Cette réaction de l'opposition s'explique, selon Aboubacar Sylla, par "un manque de perspectives dans la mise en place d'un cadre de dialogue". Il a toutefois tenu à préciser que ces actions de désobéissance civile n'entraveraient en rien la démarche du collège de facilitation, qui est en train de s'activer sur le terrain.
Saïd Djinnit est revenu de Dakar ce lundi, pour poursuivre sa mission, selon des sources diplomatiques.
Le facilitateur international était rentré à Dakar, où sont établis ses quartiers, en tant que Représentant du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique de l'Ouest, après avoir réussi à forcer la main à l'opposition de renoncer à sa marche du 9 mai dernier.
Le collège de facilitateurs composé de trois personnalités, dont deux Guinéens, à savoir Salif Sylla et Aboubacar Somparé, a du pain sur la planche. C'est du moins l'avis de maints observateurs, qui pensent que les positions des deux camps antagonistes est tranchée.
La poursuite des actions de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n'est pas bien vue du côté de l'opposition.
A ce niveau, il faut noter que l'enrôlement des électeurs pourrait prendre fin, ce mardi, à en croire le chronogramme de la CENI.
Concernant les candidatures, ce sont 18 partis politiques qui se sont manifestés, dont 11 candidatures pour le scrutin à l'uninominal et 7 candidatures pour le scrutin pour la liste nationale.
La CENI tient pour le moment le cap, pour tenir le calendrier du 30 juin, fixé pour le déroulement du vote des législatifs, d'après le directeur des opérations Yaya Kane, qui a fait cette affirmation lors d'un point de presse tenu la semaine dernière.
Il avait saisi cette occasion pour lever un coin du voile sur le dispositif de sécurisation du fichier électoral.
"Nous avons sélectionné le dispositif, il permet de chasser tous les petits malins qui vont s'enrôler dans plusieurs commissions administratives de révisions des listes électorales", a-t-il tenu à rassurer à propos de la sécurisation du fichier électoral.
Pour revenir à ces nouvelles menaces de l'opposition de reprendre la rue, il faut noter que cela commence déjà à provoquer la psychose chez les populations de la banlieue de Conakry. Quand on sait que les manifestations donnent généralement lieu à des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.
Les événements du 2 mai sont encore dans les mémoires, vu la violence que cette marche de l'opposition avait entraÏné dans la cité. Le bilan de ces heurts fait cas de 6 morts, dont 4 dans le camp de l'opposition, selon des sources hospitalières.
Le leader de l'opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo a annoncé samedi dernier lors de l'assemblée générale de son parti, que les corps des militants ayant trouvé la mort suite à ces incidents malheureux, allaient être rendus à leurs familles ce lundi.
C'est dans ce climat agité que l'opposition veut déterrer la hache de guerre. Face à cette situation tendue, le ministre des Droits de l'homme, Kalifa Gassama Diaby a entretenu la presse, le 9 mai dernier, pour appeler les Guinéens à la sérénité.
"Notre pays traverse des périodes difficiles, nos concitoyens vivent des moments douloureux. Il est consternant et profondément douloureux de constater que dans notre pays, aucune des exigences de la démocratie n'est de mise", a déclaré le ministre lors de cette sortie médiatique.
M. Gassama a regretté que "les faillites morales ont fait disparaître toutes les lignes rouges protectrices du pacte social et de l'idéal humaniste et démocratique de la Guinée".
Il a déploré que "identitarisme, le communautarisme et l'ethnicité soient devenus le langage des politiques", puis il est arrivé à la conclusion "qu'une démocratie ne se décrète pas, qu'elle se construit patiemment en mettant au cœur une transformation des structures."