Avec les violences qui caractérisent les manifestations de l'opposition, dont le déroulement obéit dorénavant à un calendrier hebdomadaire, les tensions se cristallisent, créant une véritable psychose chez les populations.
Ce lundi les banques ont été prises d'assaut par de nombreux clients, venus faire des opérations bancaires. Dans cette cohue, une rumeur courait selon laquelle, les manifestations de rue allaient redémarrer dès ce mardi, a constaté un reporter de Xinhua sur place.
Ce qui n'a pas été confirmée par l'opposition, qui projette certes de descendre dans la rue le jeudi 9 mai, d'après Cellou Dalein Diallo, le chef du collectif de l'opposition.
Cette réaction de la clientèle des banques n'est qu'une illustration de la psychose qui règne en ce moment dans la capitale guinéenne. Ce lundi marque en effet le redémarrage des activités dans cette ville, où de violents incidents ont été enregistrés la semaine dernière.
C'est un calme "précaire" qui règne à Conakry ce lundi, car à entendre les opposants, ils vont poursuivre les manifestations de rue, ce tant que leurs revendications ne seraient pas prises en compte.
Des revendications portant sur le recrutement d'un nouvel opérateur de gestion de la logistique de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en remplacement du sud-africain Waymark. L'autre point de revendication lui, porte sur l'admission par les autorités du vote des Guinéens de l'étranger.
A propos du bilan des dernières violences enregistrées trois jours durant à Conakry, du jeudi au samedi dernier, le bilan reste contradictoire.
L'opposition a énuméré 4 morts dans ses rangs, à en croire les déclarations de Cellou Dalein Diallo au cours du meeting qu'il a tenu samedi dernier au siège de son parti à la Minière, dans la banlieue de Conakry.
Le chiffre que le gouvernement n'infirme ni ne confirme. A ceux- ci, il faut noter le cas du gendarme qui aurait succombé à ses blessures, après les heurts du jeudi. Un décès conformé par une source sécuritaire.
Toujours dans ce décompte macabre, il y a lieu de faire mention du cas de la mort du frère de l'ancien ministre du Commerce Djènè Saran Camara. La victime était un quinquagénaire, membre de la mouvance présidentielle, travaillant dans une brasserie de la place. Il fut tué par une foule aux environs de 20 heures, jeudi dernier, dans le quartier de Wanindara, selon un communiqué officiel.
Des interpellations ont aussi été opérées par des agents des forces de l'ordre durant ces échauffourées qui avaient pris de l'intensité le long de l'axe Hamdallaye-Bambeto-Cosa. Sans qu'un chiffre ne soit fourni sur le nombre de gens arrêtés.
Il faut rappeler qu'à propos de cette dernière marche de l'opposition, dans la soirée du jeudi, le gouvernement à travers son porte-parole Damantang Albert Camara, avait dressé un bilan provisoire. Il avait été fait état d'une vingtaine de blessés. Des véhicules avaient également été incendiés dont le canon à eau de la police.
Dans son communiqué, le gouvernement avait déploré "les incidents survenus pendant la manifestation, malgré l'appel au calme et au civisme contenu dans la déclaration commune gouvernement-opposition-mouvance présidentielle du 23 avril dernier".
Dans cette déclaration commune, les trois parties s'engageaient, dans l'intérêt de toutes les populations guinéennes sans distinction, à régler leurs différends uniquement par les moyens pacifiques.
C'est la poursuite des violences les deux jours suivants, à savoir le vendredi et le samedi, qui a alourdi le bilan, avec ces cas de morts enregistrés, selon nos informations.
Pour enrayer cette spirale de violence, le président guinéen a promis d'offrir des infrastructures sportives et des sites de loisirs, aux zones de Bambeto et Cosa, qu'il considère comme étant défavorisées. Cette promesse a été faite lors de l'inauguration d'un pont reliant deux quartiers de la banlieue de Conakry, le samedi dernier.
L'annonce a été également faite par les autorités de la mise en place d'une commission de "réflexion sur les phénomènes de violences liées aux manifestations politiques et publiques".
Des démarches qui ne peuvent qu'être salutaires aux yeux de l'opinion, vu la psychose qui gagne les populations à mesure que les jours passent, sans qu'une solution idoine ne soit trouvée à la crise politique.