Peu après la réintroduction du projet de loi portant révision de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 à l'Assemblée nationale pour examen, les animateurs de la vie politique béninoise, notamment les chefs des partis politiques de l'opposition et mêmes ceux de la société civile, se sont relancés à nouveau dans une bataille médiatique contre la relecture de cette loi fondamentale.
Cotonou, capitale économique béninoise, s'est réveillée ce mercredi matin sous une fleur d'affiches à l'effigie d'un quinquagénaire, les larmes aux yeux et les deux bras croisés à la tête, signe d'un desespoir contre tout projet de révision de la loi fondamentale du pays.
En bas de la photo de ce quinquagénaire, on pouvait y lire : " Ne touche pas à ma constitution ! Ma constitution ! C'est ma République !".
Outre ces affiches qui dénoncent toute révision "opportuniste" de la loi fondamentale du Bénin, certains leaders politiques, notamment de l'opposition ou proches de la mouvance au pouvoir, profitent des temps d'antennes des radios privées et mêmes des pages de certains journaux béninois pour appeler les Béninois à la mobilisation générale contre ce projet de relecture de la loi fondamentale du pays.
"Une virgule de la Constitution ne sera modifiée", a déclaré le président du Parti politique "Restaurer l'Espoir, proche du pouvoir du président Boni Yayi", Candide Azannaï.
Pour ce leader de parti politique, ceux qui soutiennent la révision de la Constitution complotent contre la démocratie béninoise par des manoeuvres pour s'éterniser au pouvoir après 2016.
"Il faut que le régime en place respecte et maîtrise l'actuelle Constitution, avant de penser à sa révision", a fait savoir Candide Azannaï.
Pour lui, le projet de révision de la Constitution envoyé à l'Assemblée nationale par le chef de l'Etat ne sera pas voté, car il comporte des pièges contre le peuple béninois.
De même, pour l'ancien député Janvier Yahouédéou, également, président du Parti "Réveil Patriotique, opposition), trois raisons obligent son parti politique et lui-même à dire non à ce projet de révision de la Constitution, réintroduire au Parlement pour examen.
"La Constitution béninoise n'est pas parfaite, certes, mais pourquoi la modifier en cette période de profonde suspicion et d'inquiétude du vaillant peuple béninois ?", s'est-il interrogé, avant d'énumérer les trois raisons qui l'obligent à s'opposer à toute révision de la loi fondamentale du pays.
Dans un premier temps, l'ancien député du Parti Réveil Patriotique, a estimé que la Constitution du Bénin est le fruit d'un large consensus national, après 17 ans de dictature et de souffrance.
"Sa révision ne saurait se faire sans un large consensus national", a-t-il déclaré.
Outre cette argumentation, M. Yahouédéou pense également que le contexte régional ne s'y prête pas.
"Modifier la Constitution de son pays au cours du deuxième et dernier mandat est la nouvelle trouvaille de certains chefs d'Etat africains pour s'éterniser au pouvoir", a-t-il affirmé, ajoutant que même le contexte national ne s'y prête pas.
"Avec un taux de croissance démographique de 3,5%, pour une croissance économique d'environ 4%, le peuple béninois a des besoins plus urgents que cette révision de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990", a-t-il souligné.
Pour l'exécutif béninois, les raisons qui ont nécessité la démarche de la révision de la loi fondamentale restent toujours d'actualité et visent à asseoir au Bénin l'Etat de droit et une démocratie renforcée sur des bases saines et solides pour un développement économique durable dans le pays.
Il s'agit, notamment de la création et de la constitutionnalisation de la Cour des Comptes, la constitutionnalisation de la Commission Autonome Electorale Nationale, l'imprescriptibilité des crimes économiques dans le cadre de la moralisation de la vie publique et de la lutte contre la corruption engagées dans le pays depuis avril 2006.
"Ces modifications préservent les options fondamentales de la Conférence nationale de Février 1990", a précisé l'exécutif béninois.