Des acteurs politiques et économiques sénégalais sont partagés sur les retombées de la visite de 48 heures que vient d'effectuer le président américain Barack Obama au Sénégal.
Du côté du pouvoir, on estime que cette visite de 48 heures a donné une dimension nouvelle à la diplomatie sénégalaise et va rapporter à terme des dividendes économiques au pays en termes de nouveaux investissements étrangers.
Et, le président sénégalais Macky Sall qui n'était pas peu fier des résultats du séjour de son homologue américain, donne le ton.
"Cette visite permettra de repositionner le Sénégal, plus que par le passé, sur la terre africaine comme un pays digne de confiance, un pays où il est possible de développer l'investissement privé pour créer des emplois", a affirmé M. Sall en s'adressant à la presse.
Selon lui, le voyage d' Obama au Sénégal montre que "le modèle démocratique sénégalais pouvait inspirer la confiance des marchés et des entreprises".
Il a exhorté le gouvernement sénégalais à "accélérer le rythme des réformes, afin de faciliter le développement de l'investissement".
"En plus des aspects sécuritaires et stratégiques, nous avons parlé de coopération bilatérale, de l'AGOA (loi qui permet aux pays africains l' accès au marché américain sans droit de douane), des mesures que les Etats-Unis doivent encore prendre et des efforts que nous devons faire, pour faciliter l'accès de nos produits sur le marché américain", a ajouté le président sénégalais.
Dans le camp présidentiel, le député Cheikh Dione partage l'avis du chef de l'Etat. Pour lui, la visite d' Obama confirme "l' ancrage démocratique du Sénégal".
Comme lui, Valdiodio Ndiaye, membre de la société civile, s' est réjoui de la visite du président américain. Il a soutenu que la visite avait "un caractère symbolique" et qu'il y aura "des retombées que (le Sénégal) peut exploiter".
Prenant le contrepied de toutes ces appréciations, l'opposant sénégalais Doudou Wade, ancien député de l'ancien parti au pouvoir, s' est déclaré "déçu" de la visite d'Obama.
"Je suis déçu, parce que je pensais qu' il aurait pu nous apporter quelque chose" comme ses prédécesseurs qui sont passés au Sénégal, l' AGOA pour Bill Clinton et MCC (Millenium Challenger Account) pour Bush. "Le président Obama, ne nous a pas apporté grand chose". Il est venu sans "porte-monnaie au Sénégal", a affirmé M. Wade.
Lui emboitant le pas, l' économiste sénégalais Meïssa Babou déclare, dans le journal l' Observateur qu' Obama n'a fait que reprendre les offres des anciens présidents américains Clinton et Bush.
"Il a essayé de faire des offres de service qui ne sont pas quand même du genre à plaire. Il a proposé des moustiquaires et des semences agricoles", a expliqué l' économiste sénégalais.
Pour lui, Obama ne pouvait aller plus loin car est lui-même, a-t-il fait remarquer, "dans une situation (financière) difficile". "Son propre programme a souffert au point que c' est la Chine qui lui a toujours prêté de l' argent".
"C' est un président en difficulté. Donc, il ne pouvait pas dire autre chose", a-t-il conclu.