La Conférence diplomatique pour la facilitation de l'accès des déficients visuels aux oeuvres publiées (18-28 juin), qui connu la participation de plus de 600 négociateurs représentant les 186 Etats membres de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a adopté vendredi à l'unanimité le Traité de Marrakech (Sud du Maroc) sur l'accès des déficients visuels aux oeuvres imprimées protégées par le droit d'auteur.
Ce traité, qui entrera en vigueur 90 jours après sa ratification par les vingt premières parties, permettra de mettre fin à la privation de l'information qui continue à garder les déficients visuels dans l'obscurité.
Salué par la Chine, les Etats-Unis et l' Union européenne, ce document constitue l'aboutissement de plusieurs années de délibérations dans le but de faciliter l'accès de ces personnes, dont la plupart vivent dans des pays à faible revenu, à des livres dans des formats accessibles comme le braille, les gros caractères et les enregistrements audionumériques.
Il fait suite aux discussions préliminaires engagées depuis 2004 sur la question de savoir si certaines exceptions aux droits d'auteurs devraient être harmonisées au niveau international en faveur des déficients visuels et des personnes ayant des difficultés de lecture de textes imprimés. Selon les statistiques de l'OMS, il y a plus de 314 millions de non-voyants et déficients visuels dans le monde, dont 90 % vivent dans les pays en développement.
D' après le ministre marocain de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, le traité de Marrakech visant à améliorer l'accès des non-voyants, des déficients visuels et des personnes ayant des difficultés de lecture des textes imprimés aux oeuvres publiées protégées par le droit d'auteur ouvre la voie à une nouvelle génération de traités en faveur de cette catégorie.
Le traité de Marrakech ouvre la voie à une nouvelle génération de traités qui assure l'autonomisation économique des non-voyants, des déficients visuels et des personnes ayant des difficultés de lecture des textes imprimés dans le monde, a souligné le ministre à l'occasion de l'adoption du traité, ajoutant que ce document garantit également l'égalité des chances et la promotion du droit à l'éducation, à la connaissance et à la culture.
Le traité de Marrakech est un document historique qui érige les déficients visuels en acteurs actifs disposant d'un potentiel bénéfique pour l'ensemble de la société, a souligné Omar Hilale, Ambassadeur, Représentant Permanent du royaume du Maroc auprès de l'Office des Nations unies à Genève. "Nous sortons aujourd'hui avec un traité historique parce qu'il est le premier du genre, une deuxième génération des droits d'auteur de la doctrine des conventions de l' OMPI", a souligné M. Hilale dans une déclaration à la presse marocaine.
Selon le diplomate marocain, l'important message royal à la conférence et l'engagement de la délégation du royaume dans les négociations, ont contribué au succès de cette conférence et à la conclusion de ce traité.
Pour l'auteur-compositeur-interprète américain Stevie Wonder, légende de la musique pop, qui a donné, vendredi soir, un concert au palais des congrès de Marrakech en faveur des délégations participant aux travaux de la Conférence, ce nouveau traité est un pas vital vers l'accès au patrimoine littéraire humain pour les quelque 300 millions de déficients visuels au monde.
Stevie Wonder a ajouté que "cette victoire est très symbolique pour plusieurs raisons: d'abord son impact sur les aveugles et les déficients et ensuite son massage envoyé aux leaders du monde selon lequel il est possible de faire du business et servir des causes humanitaires au même moment".