Selon M. Abdelouahed Souhail, ministre marocain de l'Emploi et de la formation professionnelle, le Maroc est passé, en quinze ans, de 517.000 enfants-travailleurs à 123.000, soit une baisse de plus de 7% sur l' ensemble de la main d' œuvre marocaine présente sur le marché de travail.
Les propos du ministre marocain ont été confirmés, mercredi, par les résultats d'une enquête du Haut Commissariat marocain au Plan (HCP), rendus publics à l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, célébrée le 12 juin de chaque année. D' après le HCP, le phénomène de travail des enfants au Maroc est en forte régression depuis 1999, année où il touchait 9,7 % de l'ensemble des enfants de 7 à moins de 15 ans, soit 517.000 enfants.
Ils sont quelque 92.000 enfants âgés de 7 à moins de 15 ans qui travaillaient en 2012, soit 1,9% de l'ensemble des enfants de cette tranche d'âge. L'enquête nationale sur l'emploi précise que le travail des enfants de moins de 15 ans est un phénomène concentré principalement en milieu rural où il touche 3,9% des enfants (85.000) contre 16,2 pc en 1999 (452.000 enfants).
Dans les villes, ce phénomène concerne 0,3 % des enfants citadins (7.000) contre 2,5 % en 1999 (65.000 enfants), ajoute la même source. Par ailleurs, ce phénomène touche beaucoup plus les garçons que les filles (54,1% sont de sexe masculin). Cette proportion varie de 51,1 % en milieu rural à 90,3 % en milieu urbain. Concernant le cadre familiale des enfants au travail, l'enquête du HCP relève que le travail des enfants concerne 76.533 ménages, soit 1,1 % de l'ensemble des ménages marocains, concentrés en milieu rural (70.011 ménages contre 6.522 dans les villes). Selon les circonstances de leur travail, 21,7 % des enfants travaillent parallèlement à leur scolarité, 59,2 % ont quitté l'école et 19,1 % n'ont jamais fréquenté l'école (soit 78,3 % des non scolarisés pour l'ensemble des enfants au travail).
Pour faire face à cette situation, le Maroc a adhéré à la convention internationale des droits de l'enfant, et a mis en place le Plan d'action national pour l'enfance (2006-2015). Le législateur marocain a ainsi réglementé certains aspects du travail des enfants notamment l'âge du premier emploi, les conditions de travail, la protection de la santé des jeunes travailleurs, l'interdiction de leur emploi dans des travaux dangereux ou de nuit, le salaire, les congés, la couverture sociale, la formation et l'apprentissage, etc.
Les instruments législatifs et réglementaires de nature à éviter l'exploitation des enfants en bas âge à travers leur emploi existent, en conséquence, pour l'essentiel, d'autant qu'ils doivent être approchés de l'obligation scolaire jusqu'à l'âge de 14 ans révolus.
En plus, le Code marocain du travail interdit l'emploi des mineurs avant l'âge de 15 ans. Il considère, comme délit, le travail de ces enfants. En cas de récidive, la pénalité va du paiement d'une amende pouvant aller jusqu'à 60.000 DH (environ 7.700 dollars).
Aussi, l'emploi de la petite fille ou du petit garçon expose-t-il à une peine de trois mois d'emprisonnement. Les engagements du Maroc dans ce domaine portent également sur la révision de la liste des emplois considérés comme dangereux pour les moins de 18 ans, en portant leur nombre de 10 à 30 emplois, le renforcement du programme "Tayssir" qui apporte un soutien direct aux familles démunies afin qu'elles poursuivent la scolarisation de leurs enfants.
D'autres initiatives ont également été prises pour sensibiliser à la protection de l'enfance, notamment la question des petites bonnes, et améliorer la lutte contre le travail des enfants, à travers le soutien aux ONG actives dans ce domaine et le suivi de l'application des lois en vigueur.