La campagne de commercialisation de la noix de cajou, principale culture de rente de la Guinée- Bissau, reste plombée en dépit de la mise à la disposition des commerçants de 35 milliards de FCFA, a constaté un journaliste de Xinhua.
Ces commerçants ont du mal à accéder à ce financement, obtenu de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest pour sauver une campagne qui devait commencer depuis plus d'un mois, « à cause du manque d'organisation de leurs sociétés qui remplissent les formalités relatives aux comptes annuels », indique le ministère des Finances.
Le gouvernement a déjà fourni 5 milliards de francs CFA comme fonds de garantie bancaire, afin de permettre aux intermédiaires, aux coopératives agricoles et aux femmes impliqués dans la filière de la noix de cajou, d'emprunter aux banques commerciales en vue de l'achat de ce produit stratégique pour l'économie nationale. Il a également relevé le prix de la noix de cajou, le portant à 210 francs CFA le kilo, afin de lutter notamment contre la fuite de la production vers le Sénégal voisin où elle est vendue à 300 FCFA.
Mais, la Chambre de Commerce menace de paralyser les activités commerciales alléguant la mauvaise gestion, depuis trois ans, du Fonds pour la Promotion des Produits Agricoles et l'industrialisation, qui doit aider au financement de la campagne. Son premier vice-président, Abel Incada, a même accusé le gouvernement de détournement de l'argent de ce fonds.
Autorités politiques, les exportateurs, intermédiaires et banques commerciales multiplient les réunions pour trouver une solution de sortie d'une impasse qui pourrait être lourde de conséquences pour l'économie.
La noix de cajou est en effet le principal revenu des agriculteurs qui représentent 85% de la population et une chute des exportations risque de compromettre la croissance de 3,5% du produit intérieur brut, prévue en 2013. En 2011, le pays avait réussi une exportation record d'environ 200 000 tonnes de noix, contre quelque 125.000 en 2012, année perturbée par un coup d'Etat militaire.
La plus grande partie des noix sont exportées en l'état brut, les capacités des petites unités de transformation ne dépassant pas dix pour cent de la production totale du pays. La Guinée- Bissau est le cinquième plus grand producteur de noix de cajou du monde derrière l'Inde, la Côte-d'Ivoire, le Vietnam et le Brésil.
Dans ce pays un des plus pauvres du monde, l'extrême pauvreté touche 33 % de la population et la pauvreté relative d'environ 69 % du million et demi d'habitants.