Le directeur du Centre de recherche et de sondages d'opinions (CROP), Blimpo Moussa, a déclaré mercredi dans une interview que les résultats sur l'état de la corruption au Togo rendus publics le 1er juin dernier résultent d'une enquête menée du 17 au 29 décembre 2012 auprès de 1.200 citoyens togolais. Pour en savoir plus, l'agence Xinhua est revenue sur certaines préoccupations
Q : Qu'est-ce que le centre vise par ces enquêtes ?
R : Ces enquêtes menées régulièrement permettent d'assainir l'environnement social, publique et économique en Afrique. Elles visent à attirer l'attention des décideurs politiques, législateurs, investisseurs, journalistes et autres sur les questions de gouvernances et les attitudes à adopter dans la gestion efficiente des ressources.
Q : Quelle est la différence entre votre institution et "Transparency international" ?
R : "Transparency International" focalise son indice de corruption sur l'opinion d'experts et chefs d'entreprises, tandis que notre centre qui utilise l'approche "Afrobaromètre" ( mesure les attitudes du public en matière de démocratie, évalue la qualité de la gouvernance et les performances économiques, ainsi que les opinions de l'électorat sur d'importantes questions politiques dans les pays concernés) donne l'opportunité à toutes les couches sociales de la population de se prononcer sur l'état de ce phénomène.
Q : Quelles sont les institutions ciblées par l'enquête et quelles en sont les résultats ?
R : Les enquêtes ont porté sur un certain nombre d'institutions dont la Police et le corps judiciaire (juges et magistrats). D'après les résultats, 44% des Togolais contre 5% pensent que la plupart des juges et magistrats sont corrompus. S'agissant de la police, 42% des togolais contre 33% accusent les agents de ce corps d'être corrompus. Par ailleurs le résultat enregistré au Togo est similaire à celui du Bénin où 46% des béninois pensent que la plupart des juges et magistrats sont corrompu. Seuls 12% des Béninois croient que les juges et magistrats ne le sont pas.
Q : Quels sont les atouts de cette approche ?
R : L'un des grands atouts d'Afrobaromètre est que l'enquête couvre actuellement 35 autres pays africains et cela nous permet de faire des comparaisons. Lorsque nous prenons le cas des juges et magistrats, le résultat togolais est similaire à celui du Bénin où 46% des Béninois pensent que "la plupart ou tous" les juges et magistrats sont corrompus. Cependant, au Bénin, c'est 12% de Béninois qui pensent que "aucun" juge ou magistrat n'est corrompu contre seulement 5% au Togo. L'on peut pousser l'analyse en comparant les résultats du Togo à ceux des 12 pays africains pour lesquels les données Afrobaromètre du 5ème round sont déjà disponibles. Ces résultats révèlent que seulement 26% des citoyens dans l'ensemble de ces 12 pays déclarent que "la plupart ou tous"les juges et magistrats sont corrompus. Ceci révèle une perception un peu plus favorable du système judiciaire dans d'autres pays africains comparés au Togo et au Bénin.