Le président de l'Union africaine (UA), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé samedi à Alger les pays africains à s'inspirer des expériences menées par l'Algérie et l'Afrique du Sud en matière de réconciliation nationale,de manière à retrouver la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent africain.
"La réconciliation nationale est un concept important dans notre démarche commune pour lutter contre les conflits qui déchirent notre continent (l'Afrique)", a déclaré M. Ghebreyesus à l'occasion de la réunion ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'UA, ouverte au Palais des Nations à Alger avec comme thème "La réconciliation nationale, facteur crucial pour la sécurité, la stabilité et le développement durable en Afrique".
Dans cet ordre d'idées, le haut responsable africain a exhorté les différents belligérants impliqués dans des luttes internes à faire preuve d'une "réflexion sérieuse" au lieu de se laisser conduire par un modèle de réconciliation qui serait "dicté " par l'étranger.
Même son de cloche du coté des représentants de l'ONU, de l' Union européenne (UE) et de la Ligue arabe (LA) , qui ont exprimé leur conviction que la réconciliation nationale est "le meilleur moyen" de régler les conflits qui déchirent certains pays dans le monde.
Pour sa part, le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci a soutenu que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée par le peuple algérien en 2005 par voie référendaire, a permis à l'Algérie de mettre en échec le terrorisme.
Enumérant les étapes qui ont conduit ce pays d'Afrique du Nord à la réconciliation, le chef de la diplomatie algérienne a dit qu'une telle démarche a permis le "retour à la paix avec la repentance de plusieurs milliers de terroristes, la dissolution de groupes terroristes et l'implosion et l'affaiblissement des autres (groupes de soutien aux terroristes)".
Après avoir retrouvé la sécurité et la stabilité, "l'Algérie s'est attelée à rassembler tous ses enfants, à réhabiliter les valeurs algériennes millénaires de tolérance, de pardon et de solidarité pour construire l'avenir et se prémunir définitivement du fléau du terrorisme et de toute tentative de dérive extrémiste", a poursuivi le ministre.
L'Algérie a été confrontée durant les années 90 à une guerre civile entre des groupes islamiques armés et les autorités du pays. Un conflit qui a fait plusieurs milliers de morts.
La réunion ministérielle du CPS a rassemblé les ministres des Affaires étrangères des quatre principaux pays (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie), le président de l'UA, Tedros Adhanom Ghebreyesus, et le commissaire pour la Paix et sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, ainsi que des représentants de l'ONU, de l'Union européenne et de la Ligue arabe.
Les travaux ont abouti à une déclaration finale qui réaffirme la détermination du conseil à poursuivre la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée dans la région du Sahel et de jeter les bases d'un développement durable au bénéfice des populations.
Face à "la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement", ainsi qu'à "la banalisation du recours à la rébellion armée pour faire valoir des revendications politiques", "la réconciliation nationale s'imposait comme une nécessité incontournable pour surmonter les déchirements découlant des conflits et rétablir la cohésion sociale indispensable à la stabilité et au progrès", souligne le document.
Le Conseil a appelé toutes les parties en conflit sur le continent à "faire preuve d'un plus grand sens de responsabilité et à s'engager résolument dans des processus de réconciliation nationale aux fins d'apporter ainsi leur contribution à l'émergence d'une Afrique apaisée, tournée vers un avenir de prospérité."
En outre, le Conseil a mis l'accent sur la réalisation de l'objectif de mettre fin aux conflits à l'horizon 2020, comme le stipule la Déclaration solennelle adoptée par la 21ème session ordinaire de la Conférence de l'UA à Addis Abeba en mais dernier, à l'occasion du 50e anniversaire de l'OUA/UA.