Les antiquités égyptiennes sont aujourd'hui en péril alors que le pays essaye de sortir du chaos. Le désarroi politique actuel et la violence qu'il entraîne menacent le précieux patrimoine historique de l'Egypte.
Au cours de l'un des plus importants pillages au monde ayant eu lieu le 14 août, plus de 1.000 biens culturels ont été volés du Musée national de Malawi dans la province de Minya.
Début juillet, le renversement du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée a entraîné un vide sécuritaire. La situation s'est détériorée le 14 août alors que des conflits ont explosé entre les forces militaires et les manifestants pro-morsi suite à la dispersion de deux sit-in pro-morsi en Egypte.
Des pillards, profitant des troubles, ont brûlé le musée et détruit un grand nombre de momies et de statues qui étaient trop lourdes à transporter.
Les pillages ont alarmé le peuple égyptien sur la perte de ses antiquités irremplaçables, une des attractions principales pour les touristes du monde entier et une source importante de devise étrangère.
"Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n'a pas pris des mesures nécessaires pour protéger les musées pendant l'agitation attendue", a annoncé Mohamed el-Kahlawy, professeur d'archéologie et de la culture islamique à l'Université du Caire.
M. el-Kahlawy a accusé le gouvernement de grande négligence car beaucoup de musées et sites archéologiques sont toujours vulnérables. "Il aurait au moins dû évacuer les pièces précieuses des musées et renforcer la sécurité autour des sites", a-t-il déclaré à Xinhua.
Au cours du pillage au musée de Malawi, un employé a été tué, alors que d'autres gardes de sécurité se sont enfuis pour sauver leur vie, mais aucune force militaire ou policière n'est intervenue sur le site.
"Personne ne nie les modestes mesures de sécurité au musée, mais ce qui a eu lieu là-bas était imprévu et sans précédent", a déclaré Shadia Mahmoud, chef du département de la coopération internationale du ministère des Antiquités.
"Nous avons près de 40 musées locaux à travers le pays, dont certains sont sous la pleine protection de systèmes modernes, mais la protection d'autres musées dépendent encore de systèmes démodés qui demandent des améliorations", a-t-elle révélé.
"Cependant, ce que le musée peut faire est limité," a-t-elle indiqué. "Le plus grand problème est le grand nombre de fouilles illégales à travers l'Egypte et la vente de pièces archéologiques sur le marché international. De plus, les sites archéologiques sont confrontés à plusieurs 'attaques', pour construire des maisons, des cimetières ou installer des productions agricoles à leur place."
Selon Mme Mahmoud, il est impossible de contrôler ces fouilles. La seule solution serait de renforcer la conscience du peuple sur l'importance et la valeur des objets égyptiens anciens.
Elle a reconnu que la protection des sites demande de grands efforts de la part du gouvernement égyptien et des organisations internationales, même si ces derniers ne semblent pas disposés à offrir leur aide.
Le musée de Malawi n'est pas le seul endroit où ont eu lieu de récents troubles. Un certain nombre d'églises, dont certaines datent de plusieurs siècles, ont également été incendiées ou pillées, et la très ancienne nécropole royale égyptienne de Dahchour a connu une tentative de vandalisme, qui n'a pas abouti.
Juste avant les troubles de l'année 2011, déclenchés par le renversement de l'ancien président Hosni Moubarak, des pillards étaient entrés furtivement au musée égyptien sur la place Tharir au Caire, et avaient dérobé 50 objets anciens. En 2011, des antiquités de grande valeur ont également été volées dans un musée affilié à la faculté des Antiquités de l'Université du Caire.
"Il est étonnant que le gouvernement n'ait pris aucune nouvelle mesure de sécurité dans les musées suite à ces incidents", a estimé Hossam Eddin Aboud, un inspecteur archéologique qui a déjà travaillé sur plusieurs sites archéologiques en Egypte.
M. Aboud, membre d'une coalition archéologique qui vise à améliorer les conditions de travail des archéologues, a déclaré qu'"il n'existe pas d'entraînements ou de formations pour les travailleurs les aidant à faire face à ce genre de situation".
Pour le moment, nous pouvons appeler des résidents à former des commissions pour protéger les sites dans leur région, a dit M. Aboud. "Mais nous devons dans un premier temps renforcer la conscience des résidents sur la valeur et l'importance des sites et des antiquités".
Selon M. Aboud, l'industrie archéologique égyptienne a beaucoup souffert récemment, non seulement en raison des pillages, mais aussi à cause des revenus modestes qui menacent la poursuite de la plupart des programmes archéologiques.