A l'occasion d'une table ronde entre des médias africains et chinois autour du thème « Quand le rêve chinois rencontre le rêve africain », M. Salim Tamani, rédacteur en chef du quotidien algérien Liberté, a accordé une interview au Quotidien du Peuple en ligne, durant laquelle il a évoqué les différences entre le rêve chinois et celui du peuple africain.
Quelle image aviez-vous de la Chine avant d'y venir ?
La Chine est une grande civilisation. Pour l'Algérie, les Chinois ont toujours été des amis. Les Chinois ont toujours été solidaires avec les Algériens pendant la lutte contre la colonisation et après notre indépendance. Sur ce plan-là, il y a une conception très positive du peuple algérien par rapport au peuple chinois. La Chine est un pays de savoir. Pour quelqu'un qui part en Chine pour ses études, c'est très important. Pour un journaliste, une visite en Chine est importante. Sans compter que ces dernières années, le gouvernement algérien a établi beaucoup d'accords avec des entreprises chinoises pour la construction de logements, d'autoroutes... Les entreprises chinoises sont très présentes en Afrique.
Qu'est-ce qui vous a impressionné le plus lors de votre voyage en Chine ?
La Chine est un continent. Ce qui impressionne à chaque fois, c'est qu'on découvre un autre monde, un peuple avec sa culture, sa manière de vivre, son autonomie, sa manière de voir le monde, etc. Malgré tous les aléas de l'économie, du système politique, le peuple chinois possède une civilisation qui dure dans le temps et une sagesse qui n'est pas propre à tous les peuples.
A votre avis, comment la Chine et l'Afrique pourront-elles établir une coopération dans le domaine des médias ?
Il faut créer des opportunités, comme ce genre de visite, pour créer des moyens d'avoir des contacts. Après ces contacts-là, il faut savoir les consolider et maintenir. Actuellement, avec le net, on peut avoir des contacts quotidiens, entamer des échanges et vérifier les informations. Dans tous les pays où je suis allé, j'ai gardé les contacts que j'ai eus jusqu'à présent. Ce sont des contacts crédibles.
Que pense le peuple africain du développement de la Chine au cours de ces dernières années ?
La Chine est en train de prendre sa place parmi les grandes puissances économiques. Son développement va nous rendre service. Mais il y a un effort à faire sur la qualité des produits chinois vis-à-vis de l'Afrique. J'ai trouvé des produits chinois un peu partout dans le monde, et dans les pays africains aussi. Ils sont de moindre qualité. C'est vrai que c'est peut être la faute aux importateurs algériens. Mais la Chine gagnerait beaucoup à soigner son image. Peut-être qu'il y a un effort à faire au niveau du gouvernement chinois.
Que pensez-vous des informations sur l'Afrique diffusées par les médias chinois ?
De ça, je ne suis pas vraiment satisfait, parce que les médias chinois ne couvrent pas bien l'Afrique. Il n'y pas vraiment de couverture très nette. On ne parle pas de beaucoup de choses. Il n'y a pas beaucoup d'enquêtes sociales et culturelles. On cible plutôt les accords économiques, financiers, pétroliers...
Y a-t-il des points communs entre le rêve chinois et le rêve africain ?
En Chine, vous n'avez pas de problème politique. En Afrique, notre rêve est d'abord de régler les problèmes politiques internes issus du processus du début de la démocratisation. Nous avons les problèmes de l'islam politique, de la place de la religion dans la société, etc. Il faudra des années pour régler ces problèmes-là.