Les journalistes tunisiens observent mardi une grève générale suite à une décision du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) en signe de protestation contre une vague d'arrestation de plusieurs représentants de médias locaux en se référant au code pénal.
La grève générale des journalistes tunisiens fait suite à la parution, vendredi dernier, d'un mandat d'arrêt à l'encontre du journaliste Zied El Héni pour avoir déclaré à l'une des télévisions privées des propos portant atteinte – d'après la justice – au procureur de la République. M. Hani fut libéré lundi après le paiement d'une caution.
Quelque peu après sa mise en liberté, M. Hani a déclaré à la presse que sa libération constitue "une victoire pour les journalistes tunisiens et pour ceux qui défendent les les libertés ".
"Pas question de reproduire l'époque de corruption et de confiscation médiatique", a-t-il insisté.
Présidente du syndicat national des journalistes tunisiens, Nejiba Hamrouni, a pour sa part affirmé lors d'un passage radiophonique que "les mouvements syndicalistes protestataires se poursuivront pour l'application du décret 115 dans toutes les affaires de publication, presse et imprimerie et l'arrêt des poursuites, selon le code pénal, à l'encontre des journalistes.
D'un autre côté, Mme Hamrouni a annoncé que la séance plénière de l'Assemblée constituante programmée mardi ne sera pas couverte par les journalistes, les détails de cette séance pourront être communiqués au public dans la journée du mercredi.
En application de la grève générale, tous les médias tunisiens (presse écrite, électrique et audiovisuelle) se limitent à diffuser des activités en relation avec la grève. Pour ce qui est du journal d'infos de la télévision centrale, elle diffusera uniquement les titres, d'après un communiqué du SNJT.
"Les attaques perpétrées à l'encontre des journalistes tunisiens prouvent l'échec du gouvernement actuel", a réagi le secrétaire général adjoint de l'UGTT Sami Tahri. Selon lui, "les slogans ont été scandés lors du rassemblement de soutien au journaliste Zied El Heni étaient contre la dictature et la tentative de mainmise sur le secteur médiatique".
Du côté de la coalition tripartite (Troïka) au pouvoir, le parti islamiste Ennahdha (qui dirige la Troïka) a fait part de sa "préoccupation face au climat tendu qui règne au sein du paysage médiatique après la comparution de plusieurs journalistes devant la justice", précise Ennahdha dans un communiqué officiel.
Ennahdha a également appelé à un "dialogue national sur la réforme du cadre juridique réglementant la liberté d'expression et d'édition en Tunisie", outre l'annulation "claire et nette" des peines d'emprisonnement contre les journalistes, toujours selon le communiqué.
Pour la présidence de la république, la liberté d'opinion et d' expression se veut "un droit sacré qui ne doit être retiré ou limité même en cas d'infractions", lit-on dans un communiqué publié par le palais présidentiel de Carthage le jour de la libération du journaliste Zied Hani.
La présidence de la République tunisienne appelle dans ce sens à la promulgation d'une loi organisant la liberté d'expression " qui (loi) surmonte les lacunes des législations actuelles et qui sera conforme à la déclaration universelle des droits de l'homme et à la nouvelle constitution".