Qualifiée localement de "grand médiateur", l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT, centrale syndicale) a parachevé mercredi un autre round de pourparlers sans parvenir à toucher un compromis entre les deux camps rivalisés sur la scène politique tunisienne : une coalition tripartite au pouvoir dirigée par le parti islamiste Ennahdha et l'opposition regroupée autour du Front de salut national.
La réunion de ce mercredi a regroupé l'UGTT et trois autres organisations qui mènent la médiation (centrale patronale, Ordre des avocats et Ligue de protection des droits de l'Homme) d'un côté et des représentants des partis de l'opposition de l'autre côté.
Secrétaire général de l'Alliance démocratique (opposition), Mohamed Hamdi a déclaré à la presse que plusieurs concessions ont été faites par l'opposition mais la Troïka (coalition tripartite au pouvoir) semble être, selon lui, déterminée à ne pas reculer sur sa position : conditionner l'initiative de la centrale syndicale, qui stipule entre autres le maintien de l'Assemblée constituante mais la démission du gouvernement.
A l'issue de la rencontre d'aujourd'hui, toujours selon M. Hamdi, les partis de l'opposition "vont revenir à leurs structures pour consultations et prise de décisions afin de débloquer la situation".
Mardi, la coalition gouvernementale a présenté aux quatre "parrains" du dialogue national attendu de nouvelles propositions pour arracher un compromis de l'opposition sans pour autant en dévoiler les détails.
Auparavant les islamistes d'Ennahdha et ses deux alliés au pouvoir (Congrès pour la République et le Forum démocratique pour le Travail et les Libertés) avaient acceptée l'initiative de l'UGTT mais avec certains "retouches" notamment la fixation du 29 septembre 2013 comme date de démission de l'actuel gouvernement. Une proposition catégoriquement repoussée par l'opposition.
Une fois les pourparlers échoués entre pouvoir et opposition, "quatre vérité douloureuses" seraient communiquées au peuple tunisien, comme l'avait explicité aux médias le secrétaire général de l'UGTT et principal médiateur, Houcine Abassi sans pour autant donner plus d'éclaircissements.
Entre temps, la classe politique tout comme la population tunisienne aura rendez-vous mercredi dans la soirée avec un discours télévisé du président de l'Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar. Ce dernier avait décidé le 6 août dernier de suspendre les travaux de l'Assemblée jusqu'à l'aboutissement du dialogue national à des résolutions concrètes.
M. Ben Jaafar estime que sa décision coule de l'"intérêt national" et ambitionne également de "créer des conditions favorables à un vrai dialogue entre les protagonistes".
La suspension des travaux constituants n'a pas plu à plus d'une centaine de députés qui ont fixé jeudi comme dernier ultimatum pour reprendre le travail. Une note de ces députés précisait que M. Ben Jaafar devra convoquer une séance plénière vendredi 6 septembre courant et relancer les travaux des commissions. Sinon, ils (députés) reprendront volontairement les travaux.
Après l'assassinat le 25 juillet dernier de l'opposant-député Mohamed Brahmi, deuxième en date après celui de l'opposant Chokri Belaïd le 6 février dernier, la Tunisie a été basculée dans une crise des plus aigües sur le triple plan politique, social et économique. L'actuel gouvernement dirigé par Ennahdha et ses deux alliés est accusé, par l'opposition, de "faillite" en matière de politique sécuritaire et d'incompétence au titre de gouvernance.
Concernant l'actuelle "impasse" que connaissaient les pourparlers, une large frange de l'opposition dénonce auprès la coalition tripartite au pouvoir un certain manque de sérieux et de volonté politique à trouver le bout du tunnel et surmonter une crise qualifiée des plus dangereuses menaçant l'avenir du pays.