La classe politique tunisienne entame depuis quelques jours une série "marathonienne" de pourparlers dans une tentative de trouver d'un côté un terrain d'entente consensuel susceptible de faire sortir le pays de l'actuelle crise et de l'autre côté éviter des scénarios produits dans des pays voisins comme l'Egypte, la Libye ou encore le Mali.
Dans la nuit de lundi à mardi, un poste frontalier avec l' Algérie a été visé par un groupe de terroristes sans pour autant enregistrer des dégâts notables "grâce à une intervention professionnelle, efficace et instantanée des unités de la Garde nationale", a annoncé mardi le ministère tunisien de l' Intérieur.
D' après des analyses locales, le constat actuel en Tunisie augure d' une escalade de la violence et du terrorisme se référant principalement à deux assassinat en six mois (février-juillet 2013), plusieurs attentats à l' explosif en plus de la récente embuscade terroriste au montagne Chaâmbi près de la frontière avec l' Algérie (centre-ouest) causant la mort à 8 soldats de l' armée outre des blessés dans l'explosion d' une mine.
Réunis en urgence jusqu' à une heure tardive de ce lundi, les partis de la Troïka (coalition tripartite au pouvoir), ont insisté sur "l' impérative de relancer le dialogue national dans les plus brefs délais tout en préservant l' Assemblée constituante qui doit garder toutes ses prérogatives", comme l' a énoncé mardi dans la presse Imed Daïmi secrétaire général du Congrès pour la République, parti présidentiel membre de la Troïka.
Dans ce sens, la Troïka a exhorté le président de la Constituante Mustapha Ben Jaafar à revenir sur sa décision de geler les activités de l' Assemblée jusqu' à la reprise du dialogue entre les différents partenaires politiques du pays. Une décision qui a surpris la Troïka mais fortement appréciée par l'opposition et la société civile.
Au siège de l' Union générale tunisienne du Travail (UGTT), le secrétaire générale de la centrale syndicale a recu pour plus de quatre heures le numéro un du parti islamiste Ennahdha qui conduit la Troïka, Rached Ghanouchi: une réunion qualifiée de "positive et constructive".
Les deux hommes qui étaient à la tête de deux délégations respectives ont implicité un prochain consensus sur une feuille de route politique qui fera sortir le pays de la crise qui le balaie. "La réunion n'a pas échoué puisqu'elle ne visait pas initialement, à trouver une solution et qu'il s'agit tout simplement d'une manche parmi d'autres qui auront lieu dans les jours qui viennent", a déclaré mardi le membre du bureau politique d' Ennahdha Ridha Chaïbi.
"Jusqu'au 12 août 2013 tous les partis politiques, y compris ceux de la troïka, n'ont pas atteint le degré de maturité requis pour être en mesure de trouver un accord pour sortir de la crise", a commenté M. Chaïbi lors d' un passage à la radio privée tunisienne Mosaïque Fm.
Le principal organisme ouvrier du pays (UGTT) et le parti majoritaire au pouvoir (Ennahdha) se sont convenus sur l' impérative de préserver l' Assemblée constituante de tous tiraillement politique mais en l' obligeant à suivre un agenda "précise et bien déterminée" pour le reste de la phase transitoire.
Du côté de l' opposition, le "Front national de sauvetage" (crée par des partis opposants après l' assassinat le 25 juillet 2013 du député-opposant Mohamed Brahmi) ne cesse de multiplier ses réunions dont la dernière en date (dimanche) a abordé sérieusement la situation de blocage dans le pays, les outils pratiques capables de s' en sortir, en plus des actions à planifier les prochains jours.
Composé en majorité des partis de l' Union pour la Tunisie (coalition de cinq partis du centre-droit), du Front populaire (coalition de gauche) renforcés par la société civile, le "Front national de sauvetage" a déjà cherché la composition d' un éventuel "gouvernement de salut national", sa mission et les profils de ses membres.
Des discrétions sur les réunions du "Front national de sauvetage" ont révélé que l' annonce de la composition du "gouvernement de salut national" ainsi que l' identité de la personnalité qui va le diriger seront divulgués mardi 13 août à l' occasion de la célébration de la fête de la Femme. Une gigantesque manifestation est prévue à la place du Bardo (face à la Constituante) suivie d' un meeting populaire massif.
Se référant aux commentaires de politiciens et économistes locaux, l' actuelle situation en Tunisie se veut en quelques sortes au point de jonction entre deux "champs" dont le premier mène à la stabilité et le démarrage d' une nouvelle ère de construction (cela admet le consensus) tandis que le second n' est autre qu' un "raccourci" vers le scénario égyptien à moins qu' en Tunisie la facture serait plus lourde vu
l'incapacité des forces armées - déjà en état d' extrême alerte - à assurer à la fois la gestion des affaires courantes de l' Etat dans (dans l' attente des élections) et la préservation des frontières à la lumière des menaces terroristes qui commencent à se rapprocher des zones peuplées.