La Tunisie risque des attentats aux ceintures explosives et certains membres du gouvernement sont menacés, a annoncé mardi le ministre tunisien de l'Intérieur Lotfi Ben Jedou avouant qu'il a fourni une protection à toute personne qu'il l'a demandé.
"Personnellement, j'ai fourni une protection à toute personne qui l'a demandé. Pour lutter contre ces assassinats, il faut connaître le coupable", a fait savoir le ministre tunisien de l'Intérieur dans une intervention exclusive sur les ondes de l'une des radios privées de la capitale tunisienne (Mosaïque Fm).
Une intervention qui survient au lendemain d'une embuscade à la frontière centre-ouest avec l'Algérie ciblant une unité de l'armée faisant 8 morts parmi les soldats en plus de plusieurs blessés dont trois suite à l'explosion d'une mine terrestre.
De plus, M. Ben Jedou a encore révélé que des informations se confirment désormais portant sur des menaces de morts ciblant certaines journalistes, artistes, députés et figures politiques tunisiennes.
Composée généralement par 9 à 13 agents, cette protection (rapprochée ou non) est installée autour des lieux de résidence des personnalités ciblées et leur entourage d'autant plus qu'elle se change tous les 8 heures.
Le ministre de l'intérieur a même confirmé être lui-même une cible d'assassinat. "Moi-même je n'ai que deux gardes qui m'accompagnent et s'ils veulent m'assassiner ils le feront", pour reprendre les propos de M. Ben Jedou qui admet être menacé en personne par Abou Iyadh, leader de la mouvance salafiste- djihadiste Ansar Chariaa (partisans de la loi islamique) en Tunisie, une branche religieuse radicale.
Le premier responsable de la sécurité intérieure en Tunisie, M. Ben Jedou, s'est arrêté sur la situation qui prenait relativement l'allure d'un chaos politique et sociale depuis l' assassinat jeudi dernier de l'un des opposants anti-islamistes et l'attaque de lundi ciblant une unité de l'armée (8 morts et plusieurs blessés) outre des manifestations populaires journalières réclamant la chute du régime, dissolution de la Constituante et formation d'un "gouvernement national de sauvetage ".
Il a rassuré que l'institution sécuritaire est prête à encaisser des pertes pour protéger les tunisiens et que les forces de sûreté ont fourni des efforts considérables pour restaurer la sécurité et combattre le terrorisme.
Quant au traitement sécuritaire des mouvements sociaux, "les forces de l'ordre sont invitées plus que jamais à ne pas avoir recours à l'usage abusif de force et à protéger les manifestations pacifiques appelant tous les groupes à éviter les saccages et ne pas porter préjudice aux institutions de l'État", a soutenu M. Ben Jedou.
S'adressant aux politiciens, le responsable tunisien a souligné l'impérative de trouver le consensus, trouver des résolutions à l'actuelle crise qui secoue le pays et concevoir au plus rapide que possible une feuille de route claire évitant toute exclusion.
Désigné en tant que candidat indépendant à la tête de l'une des quatre ministères de souveraineté (Intérieur, Défense, Affaires étrangères et Défense), M. Ben Jedou a soutenu la proposition de former un "gouvernement de salut national" qui permettra, selon lui, à la Tunisie de sortir de l'actuelle situation.
Aux yeux de M. Ben Jedou, "les factions politiques doivent faire des concessions et revenir à la table des négociations pour former un gouvernement de salut national ou d'union nationale pour sortir le pays de l'impasse".