Des partis et coalitions de l'opposition, dont le Front populaire (gauche) et l'Union pour la Tunisie qui comportent plusieurs partis démocratique du centre-droit, se sont réunis dimanche avec des représentants de la société civile pour discuter de la création d'une instance de salut national chargée d'examiner la situation du pays secoué par une vague de colère et de violence suite à l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi.
Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du Front populaire Hamma Hammami a insisté sur l'impérative de dissoudre l'Assemblée constituante, renverser l'actuel pouvoir et faire chuter les instances en place.
"Pas question que la coalition tripartite au pouvoir et les partis qui la composent feront partie de la résolution lors de la prochaine étape du pays", a précisé M. Hammami.
Leader du Parti des Travailleurs, M. Hammami a jugé d' indispensable "la formation d'un gouvernement restreint de salut national chargé du rétablissement de la paix civile et de l' organisation des prochaines élections dans un délai de 6 mois et dont les membres ne se porteront pas candidats à ces élections".
Deux noms de candidats à la présidence du gouvernement de salut national ont été dévoilés officieusement en l'occurrence l'ex-chef d'Etat-major interarmées Rachid Ammar et l'ex-ministre de la Défense nationale Abdelkarim Zbidi.
D'après M. Hammami, "ces noms n'ont pas été encore discutés de manière officielle, mais il n'a pas écarté le fait que le gouvernement de salut national englobe des personnalités nationales reconnues pour leur compétence et leur indépendance"
Evoquant la réaction agressive des forces de l'ordre face aux manifestants rassemblés depuis samedi face au siège de la Constituante, M. Hammami a fait part de sa conviction quant à la présence d'une "police parallèle" qui, selon lui, "joue un rôle dangereux au profit du mouvement d'Ennahdha (parti islamiste majoritaire) afin que ce dernier ne puisse renforcer sa mainmise sur le pouvoir".
Pour Mohsen Marzouki, l'un des leaders de l'Union pour la Tunisie et membre du bureau exécutif du parti Appel de Tunisie, " la crise dans le pays est imputée au manque de volonté politique d' Ennahdha pour faire réussir le processus de transition démocratique".
De plus, a-t-il estimé, "les prises de positions d'Ennahdha incitent à la violence".
"L'Assemblée constituante ne pourrait poursuivre ses travaux qu' à la seule condition de parachever la rédaction de la Constitution et de fixer une date pour les prochaines élections dans un délai ne dépassant pas un mois", a conclu M. Marzouk.
Les réunions de l'opposition se poursuivent à un rythme soutenu depuis l'assassinat par balles jeudi passé de l'opposant Mohamed Brahmi afin de discuter des étapes à suivre pour parachever ce qui reste de la période transitoire, former un nouveau gouvernement de sauvetage et lancer un comité d'experts chargé de finaliser la constitution dans quelques semaines avant d'entamer les derniers préparatifs aux élections générales du pays.
Parallèlement, une bonne partie des Tunisiens ne cessent de manifester dans la rue leur colère et condamnation de l'assassinat de Brahmi et leur insatisfaction quant au rendement du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahdha. Dans l'autre camp, les pro-Ennahdha et leurs sympathisants persistent à défendre la légitimité donnée via par le peuple lors des élections de la Constituante le 23 octobre 2011.