Photo prise le 22 juillet, montrant le chantier de construction de Sky City. |
Le projet Sky City, construit à Changsha, capitale de la Province du Hunan, et qui devait établir le nouveau record du plus haut bâtiment du monde, a été suspendu au motif qu'il n'avait pas les permis requis, quelques jours après que la cérémonie du premier coup de pioche ait eu lieu.
Ce projet ambitieux est né dans un contexte de concurrence féroce entre les villes chinoises pour construire des gratte-ciel, et il a soulevé les doutes du public sur les normes de sécurité compte tenu de ses délais de construction extrêmement courts.
La hauteur de ce bâtiment, prévu pour accueillir des bureaux, des hôpitaux et des hôtels, a été fixée à 838 mètres, soit 10 mètres de plus que le plus haut gratte-ciel du monde actuel, le Burj Khalifa à Dubaï.
Le samedi, le Groupe Broad, qui est en charge du projet, a débuté les travaux de fondation de la tour, qui coûtera 9 milliards de Yuans (1,47 milliard de Dollars).
« Pour une société, commencer la construction sans permis est illégal », a déclaré jeudi au Global Times Li Xing, un responsable de presse du district de Wangcheng, à Changsha, où est situé le bâtiment, ajoutant que la construction ne pourra pas être reprise avant que le Groupe Broad n'ait obtenu les autorisations nécessaires des ministères concernés.
Le calendrier du processus de construction a été fixé à seulement sept mois, un contraste frappant avec les autres bâtiments de cette hauteur à travers le monde, qui ont demandé entre cinq et dix ans, selon une présentation du projet mise en ligne sur le site du Groupe Broad.
Ce projet a suscité d'importantes préoccupations au sujet des questions de sécurité, beaucoup craignant que les normes de construction ne soient pas respectées.
« Les critères de sécurité sont extrêmement stricts en ce qui concerne les gratte-ciel, car les dispositifs ordinaires de lutte contre l'incendie ne peuvent pas atteindre cette hauteur », a déclaré jeudi au Global Times une experte d'un institut de recherche affilié au Beijing Construction Engineering Group, spécialisé dans les immeubles de grande hauteur, qui a souhaité rester anonyme.
Elle a ajouté que les critères professionnels en matière de qualité sont aussi compliqués, y compris les autorisations pour le béton, les fondations et l'acier, et que les plans de construction relèvent d'un contrôle par différents types de comités d'experts au cours des différentes phases de la construction.
« Normalement, rien que pour terminer la construction des seules fondations, il faut au moins un an pour un bâtiment de plus de 600 mètres. Comment une entreprise peut-elle terminer la construction en seulement sept mois ? », a demandé cet expert.
Le Groupe Broad a attiré l'attention du monde l'an dernier avec la construction d'une tour de 30 étages en 15 jours, en utilisant des éléments préfabriqués empilés les uns sur les autres, a rapporté l'AFP.
Il avait prévu d'utiliser la même technique pour assembler Sky City.
La Chine abrite déjà six des dix plus hauts bâtiments du monde, avec quatre d'entre eux sur le continent, selon les statistiques de Forbes Chine.
Mais d'autres sont sur le point d'émerger, selon un rapport de 2012 sur les gratte-ciel chinois rédigé par Motian City, un groupe qui étudie la relation entre les gratte-ciel et les économies urbaines.
Selon le rapport, le nombre de bâtiments de plus de 152 mètres sur le continent chinois atteindra 1 318 d'ici la fin de 2022. Il a également précisé que, en 2012, plus de 1,7 milliard de Yuans ont été investis dans la construction de gratte-ciel sur le continent.
« De nombreux gouvernements locaux ont hâte d'avoir ce genre de monuments, les considérant comme des symboles de richesse et de compétitivité. C'est comme un concours », a déclaré jeudi au Global Times Gu Wenxuan, ancien secrétaire général de la Société chinoise pour les études urbaines, ajoutant que ces bâtiments sont susceptibles de porter atteinte au paysage urbain, et que leur utilisation réelle est souvent limitée.