Face à une situation politique et sociale qualifiée par des observateurs locaux de chaotique (assassinats politiques, attentats terroristes et perturbations sociales), le président de l'Assemblée constituante vient d'annoncer la suspension des activités de cet établissement : une décision à effet surprise pour le parti islamiste au pouvoir (Ennahdha) mais fortement appréciée par l'opposition qui réclame depuis plus d'une semaine la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée.
D'après M. Ben Jaafar, a décidé la suspension des travaux de la Constituante jusqu'à la reprise du dialogue entre ses différentes composantes sur les résolutions susceptibles de faire sortir le pays de l'actuelle crise.
Il a également insisté qu'il oeuvrera en personne à reprendre le dialogue et contacter tous les leaders politiques et les personnalités nationales.
Leader de l'un des partis alliés d'Ennahdha en l'occurrence le Forum démocratique pour le Travail et les Libertés, M. Ben Jaafar a fait ressentir auprès d'une grande marge de Tunisiens le scénario égyptien où l'armée a procédé à la dissolution du Parlement, la suspension de la Constitution ainsi que la destitution du président Mohamed Morsi.
En effet, deux assassinats politiques en six mois et des opérations terroristes coutant la vie jusque-là à plus de dix soldats de l'armée du côté de la frontière centre-ouest avec l' Algérie étaient des arguments largement suffisants aux Tunisiens pour descendre à la rue réclamer le départ des islamistes au pouvoir : des manifestations pacifiques ont été enregistrées dans plusieurs provinces du pays.
Dans la capitale, des milliers de Tunisiens opposants à la direction islamistes des affaires du pays se rassemblaient quotidiennement depuis une dizaine de jours à la Place du Bardo où se tient déjà un sit-in ouvert de bon nombre de députés ayant suspendu leurs activités parlementaires.
Dans l'autre camp – à une dizaine de mètres, les pro-islamistes sont sortis massivement défendre la légitimité de l'actuel gouvernement et de la Constituante : une mise en scène qualifiée par des commentateurs tunisiens de superposable à ce qui se produisait en Egypte depuis fin juin 2013 avec deux grands rassemblements à la Place "Tahrir" (contre le pouvoir des islamistes) et à "Rabaa Al-Adawia" place forte des Frères musulmans.
La décision du président de la Constituante tunisienne de suspendre les activités de cette institution a été perçue par l' opposition comme "premier pas" sur la voie de déchoir le pouvoir conduit par les islamistes d'Ennahdha ce qui pourrait être une reproduction d'un scénario à l'égyptienne : un scénario qui pourrait, selon des rapports médiatiques locaux, échouer vu l' incapacité de l'armée tunisienne de gérer une pareille conjoncture alourdie à la lumière des attentats terroristes ciblant l' institution militaire.