La situation sur le champ de bataille en Syrie a récemment subi un changement en faveur du gouvernement légitime syrien. Pour la première fois, au début du mois de juin, les forces gouvernementales syriennes ont chassé l'opposition armée retranchée à Qoussair, près de la frontière libanaise, puis, le 29 juillet, elles ont capturé Khaldiyé, le dernier bastion-clé occupé par l'opposition armée à Homs, contrôlant ainsi toute la ville. Pas étonnant que, dans ces conditions, Bachar al-Assad ait récemment semblé confiant. Il a promis d'écraser les forces terroristes en Syrie avec une « poigne de fer », et affirmé en toute confiance que la guerre civile en Syrie pourrait se terminer dans quelques mois.
Indépendamment du fait que la prophétie d'Assad peut être devenir réalité, il n'en reste pas moins que du point de vue situation militaire en Syrie, il est indiscutable que la tendance est clairement en faveur de l'armée syrienne. Contrôler Homs revient à tenir les voies de communication importantes nord-sud et est-ouest en Syrie, et son importance stratégique est de grande envergure. En outre, Homs avait toujours été considérée comme la « capitale révolutionnaire » de l'opposition, aussi est-il facile de comprendre la signification politique de sa chute. Actuellement, la guerre fait cependant toujours rage. L'opposition armée a remporté quelques succès à Alep, mais la situation d'origine sur le champ de bataille a complètement changé.
Sur le front diplomatique, le gouvernement syrien continue de recevoir le soutien d'Etats amis. Le 4 août, le nouveau président de l'Iran Rohani a rencontré le Premier ministre syrien Qadri Jamil à Téhéran, et lui a dit que « rien ne pourra porter atteinte aux relations entre l'Iran avec la Syrie ». En cas d'implication de pays étrangers en Syrie, l'Iran continuera à lui apporter soutien et assistance. De son côté, la Russie s'oppose à l'ingérence occidentale dans les affaires intérieures de la Syrie et sa position consistant à soutenir une solution politique à la crise en Syrie reste inchangée. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a récemment critiqué l'Occident, le qualifiant d'« éléphant dans un magasin de porcelaine », « entrant en force, cassant partout, mais ne savant pas quoi faire ensuite ». L'Egypte, qui à l'origine a rompu ses relations diplomatiques avec la Syrie, a renoué avec elle après la chute de l'ancien président Morsi ; le ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil Fahmi a déclaré le mois dernier qu'il était possible de réexaminer les relations diplomatiques entre l'Egypte et la Syrie. Il ne fait guère de doute que l'appui diplomatique obtenu par le Gouvernement syrien a également produit un effet subtil sur la situation sur le champ de bataille.
Du côté occidental, face aux difficultés économiques, que ce soit les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la France, ces pays tentent actuellement de réduire leurs budgets de défense. Soucieux de réduire leur déficit budgétaire actuel, le Pentagone songe à réduire ses 11 porte-avions à huit ou neuf ans, et de réduire la taille du corps des Marines. Le Gouvernement français vient lui d'approuver un budget de la défense amputant son armée de 34 000 postes sur six ans, et va réduire considérablement ses commandes d'avions de combat. Quant à la Grande-Bretagne, elle va a également réduire le nombre de ses porte-aéronefs et de ses avions de patrouille maritime.
Dans cette situation, quelle capacité a l'Occident de fournir une aide militaire adéquate à l'opposition syrienne ? Le projet de zone d'exclusion aérienne, clamé pendant une longue période, n'a débouché sur rien. Les pays occidentaux, en particulier les Etats-Unis, ont maintenant peur de s'engluer dans le bourbier de la guerre civile en Syrie ; il est vrai, après tout, que les guerres en Irak et en Afghanistan ont été pour eux une douloureuse leçon. Mais en l'absence d'un fort soutien de l'Occident à l'opposition armée syrienne, combien de temps celle-ci va-t-elle pouvoir encore tenir ?
Dans leur bataille, les forces gouvernementales syriennes ont aussi à leurs côtés un allié quelque peu inquiétant. C'est le Hezbollah libanais. Que ce soit lors de l'attaque contre Qoussair ou la reprise d'Homs, des combattants du Hezbollah ont combattu côte à côte avec les soldats de l'armée régulière syrienne. Bien organisé, bien équipé, le Hezbollah est une milice d'environ 5 000 hommes, qui a acquis une riche expérience lors de la lutte contre l'invasion israélienne du Sud-Liban. Avec un tel soutien armé, l'armée syrienne n'a aucune raison de ne pas conduire des attaques.
Si les forces de l'opposition armée sont affaiblies, une autre raison est que les terroristes islamistes qui se sont mélangés avec les troupes de l'opposition sont de plus en plus impopulaires dans le pays. Ces personnes se livrent à des bombardements, des meurtres, des enlèvements contre des personnes désarmées. Ils mangent même des organes humains, provoquant la colère des gens face à leurs crimes. Ils n'ont pas le soutien du peuple et sont de plus en plus isolés. Récemment, une des organisations terroristes islamistes actives en Syrie, le Front al-Nosra a à nouveau pris en otage quelque 200 villageois kurdes dans le nord de la Syrie, amenant une nouvelle intensification des tensions des milices kurdes avec cette organisation.
En tout cas, nous sommes à un point tournant dans la guerre civile syrienne. Mais même si la guerre civile prend fin, le retour de la paix ne sera pas immédiat. Selon les statistiques de l'ONU, depuis l'éclatement de la crise syrienne, le conflit a fait 100 000 personnes et des millions de réfugiés. Souhaitons que la guerre civile syrienne se termine au plus vite.
Par Ren Yaqiu