Certaines personnes disent que la Chine est entrée dans une « époque de superpuissance ». Certaines personnes craignent que dans le processus de réalisation du « Rêve Chinois », la Chine n'étende son influence dans le monde, elles redoutent une collision frontale entre la Chine et l'Occident, et que le monde tombe dans ce qu'on appelle le « piège de Thucydide », homme politique de la Grèce Antique qui écrivit « ce qui rendit la guerre inévitable fut la croissance de la puissance d'Athènes et la crainte que cela provoqua à Sparte ».
Le « Rêve Chinois » n'est pas seulement une vision de la Chine prônée par la nouvelle direction collective centrale du pays, mais c'est aussi une vision du monde par la Chine. Cette idée se fonde sur la vision stratégique de deux grandes tendances, la paix, le développement et la coopération gagnant-gagnant sur le plan international et la prospérité, la démocratie, la civilisation et l'harmonie sur le plan intérieur.
Si, dans l'histoire, les différentes transformations du système international se sont de nombreuses fois faites par le fer et le sang, la transformation du système international au 21e siècle, dans l'ensemble, est une transition pacifique. Bien qu'il y ait toujours des conflits et des guerres locaux, il n'y aura pas de guerre systémique entre grandes puissances, quand bien même le processus de transition pacifique sera long et tortueux. Cela offre espace et opportunités pour le développement pacifique de la Chine.
La Chine ne peut pas devenir une superpuissance. Si la Chine devenait une superpuissance, alors cela signifierait que la Chine devrait tout recommencer.
En fait, la Chine ne cherche pas à réinventer la roue, mais à faire tout son possible pour s'intégrer dans le système international actuel, à devenir un des constructeurs du système existant plutôt qu'un destructeur, pas plus qu'elle ne veut renverser le système international. En soi, s'« intégrer » c'est accepter le système actuel. Bien que le système actuel ne soit pas parfait, d'une manière générale, il présente plus d'avantages que d'inconvénients pour le développement de la Chine, et il lui offre aussi un certain espace. La Chine s'est toujours intégrée dans le système international, elle a bénéficié du système actuel, et son entrée dans ce système en a renforcé la légitimité et l'intégrité.
Les propres changements qu'a connus la Chine sont aussi une force importante promotion de la transformation du système international ; d'ici dix ans, la puissance globale de la Chine aura fait des progrès significatifs, et elle devra assumer et exercer de plus grandes responsabilités sur le plan international. Néanmoins, cela n'empêchera pas la Chine de poursuivre une politique étrangère indépendante et pacifique. La Chine s'en tiendra à ses approches de principe, mais elle procédera aussi à des ajustements nécessaires sur certains aspects en temps opportun, comme par exemple en apportant une participation plus active sur certains sujets internationaux et régionaux sensibles. Il faudra cependant voir si ces ajustements seront ou non conformes au droit international et aux normes régissant les relations internationales, avec les intérêts fondamentaux du peuple chinois et des peuples du monde, et s'ils seront ou non en concordance avec les tendances de développement.
En ce qui concerne la Chine, elle va devoir se confronter au problème de la consolidation de sa puissance diplomatique par le biais de sa puissance économique, et à la tâche de la transformation de sa puissance brute en une force institutionnelle ; mais ces changements ne doivent être pas mal interprétés et pris comme un défi au système international. Pour dire les choses franchement, le monde a besoin de temps pour s'adapter à une Chine en pleine croissance, et la Chine doit faire ce qu'il faut pour que la communauté internationale de comprenne son développement.
En fait, les Etats-Unis seront la dernière superpuissance. Le monde d'aujourd'hui est encore une fois arrivé à un carrefour de changements historiques : la tendance à la décentralisation du pouvoir mondial s'accélère, du fait de l'évidente dispersion des puissances hégémoniques en de multiples centres de pouvoir. La carte politique et économique globale est en train de connaître une restructuration historique et les mécanismes de gouvernance mondiale sont nettement en retard face à la réalité des changements et des exigences de notre temps. En d'autres termes, il s'agit que les grandes puissances coopèrent pour créer une plate-forme plus grande, et la coopération leur permettra d'atteindre leurs propres intérêts de façon plus efficace.
À cet égard, la Chine a proposé la construction de nouvelles relations d'égalité et de confiance mutuelles, de tolérance et d'apprentissage mutuels, de coopération gagnant-gagnant entre les grandes puissances, ce qui est en soi une caractéristique distinctive de notre époque et également pertinent sur le plan historique. Ce genre de concept, qui implique, pour le façonnage et le contrôle des relations entre grandes puissances, de s'engager à bâtir une sécurité et un nouvel ordre internationaux durables, et à optimiser le modèle de gouvernance économique mondiale, est clairement différent de l'idée de « superpuissance ».
En bref, pendant une longue période encore, la Chine restera le plus grand pays en développement. Ces caractéristiques et attributs ne sauraient, à cause du développement de la Chine, aboutir à une supériorité locale ni provoquer de changements fondamentaux. Le « Rêve Chinois » sera la contribution de la Chine à la paix et à la prospérité mondiales.
Le Quotidien du Peuple, Edition Outre-mer (5 septembre 2013, # 01 édition)