La note souveraine à long terme de la Tunisie vient d'être rétrogradée de deux crans (passant de "BB- " à "B") a annoncé vendredi l'agence mondiale de notation " Standard&Poor's" sur son site officiel : un indicateur qui traduit selon certains politiciens tunisiens l'augmentation des incertitudes politiques et une légitimité des institutions de transition "de plus en plus contestée dans le sillage de nouvelles violences politiques".
Pour "Standard&Poor's", l'augmentation des risques perçues du terrorisme pourraient menacer le tourisme, pilier l'économie tunisienne outre les investissements locaux et étrangers.
Cette tendance négative, ajoute cette agence américaine, éclaire sur une chance parmi trois de toucher la dégradation dans les 12 prochains mois une fois "l'agitation politique et sociale accrue menace la mise en place d'institutions légitimes et de mécanismes de réforme en faveur de la croissance du pays".
Sur un autre plan, cette même agence a également revu à la baisse le transfert et l'évaluation de la convertibilité sur la Tunisie de "BB" à "B+" outre la réduction des taux de crédit de contrepartie à long terme de la Banque centrale de Tunisie de "BB- à "B".
Ces défaillances, précise encore "Standard&Poor's", reviennent à un climat d'"incertitude politique" manifesté à travers les mouvements sociaux et les récents appels à dissoudre l' actuel gouvernement et les "institutions de transition" en plus des actes terroristes marquant la dernière période en Tunisie.
Expert tunisien en risques financiers, Mourad Hattab a commenté vendredi la baisse de la notation souveraine de son pays mettant en garde lors d'un passage radiophonique contre une probable faillite de l'économique tunisienne en l'absence de mesure et décision courageuses, urgentes et efficaces.
"La Tunisie est à deux doigts de la faillite", a averti M. Hattab admettant que "cet abaissement est dû en premier lieu à l' instabilité politique que connait le pays". Pire encore, a-t-il ajouté, la Tunisie souffre d'une certaine "instabilité des composantes de base de l'économie nationale dont l'exportation et le tourisme qui ont connu 20% de recul".
Du côté de la centrale syndicale, l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT), la crise politique que connaît la Tunisie a systématiquement influencé son économie qui risque, selon le patron de l'UGTT Houcine Abassi, la détérioration.
"La crise politique par laquelle passe le pays a engendré une importante crise économique", a déclaré vendredi M. Abassi à l'une des radios privées de la capitale tunisienne. Et d'annoncer que l' UGTT n'a plus la capacité de "jouer le rôle d'intermédiaire" à la lumière du "ravage" socioéconomique que connaît la Tunisie avec notamment des dommages auprès des institutions économiques.
La délicatesse de la situation en Tunisie a été reconnue par le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh ayant avoué vendredi lors d'un débat radiophonique que "la situation économique en Tunisie est dangereuse mais le pays ne court pas le risque de la faillites contrairement aux informations de certains experts économiques".
D'après le ministre tunisien, la chute du dinar tunisien par rapport à l'euro se maintient encore depuis la révolution pour se situer actuellement dans les alentours de 2,2 dinars pour un euro.
Pour la centrale patronale, l'Union tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), "la décision de Standard& Poor's se veut un résultat évident de la crise politique actuelle en Tunisie et la persistance des perturbations sécuritaires ce qui a favorisé la détérioration de la situation économique".
Afin d'éviter le pire, l'UTICA a appelé dans un communiqué officiel, toutes les forces politiques du pays à "se mobiliser pour dépasser la crise actuelle dans les plus brefs délais dans les normes du consensus et la suprématie de l'intérêt suprême de la Tunisie pour ainsi se préoccuper du dossier économique".