Des véhicules en partance pour la capitale malienne ont essuyé des attaques de la part de coupeurs de route dans la nuit de vendredi, dans la préfecture de Mamou, située à 260 km de Conakry, causant deux blessés parmi les passagers, a-t-on appris samedi de source sécuritaire.
Les passagers, quasiment tous des commerçants furent dépouillés de leurs biens, estimés à plus de 200 millions de francs guinéens, soit près de 20 mille euros, alors qu'ils se trouvaient le long de la voie menant de Mamou à Dabola, à mi-chemin entre la Moyenne et la Haute Guinée.
En tout ce sont trois attaques qui ont été perpétrées durant cette nuit de vendredi dans cette préfecture.
Les assaillants, armés de fusils automatiques, qui étaient au nombre de 6, ont pu emporter également un des véhicules de ce convoi, rapporte notre source.
Les forces de sécurité alertées suite à cette attaque, se sont mises en branle, pour tenter de dénicher la bande de coupeurs de route.
Des cas d'attaques avaient déjà été signalés récemment dans cette même région. Et ce sont toujours des usagers de la route qui en paient les frais.
"Cette fréquence des attaques dans la région de Mamou s'expliquerait par le fait que cette province soit située au carrefour des quatre régions naturelles de la Guinée, ainsi que par la dégradation de la voirie interurbaine", explique un officier de gendarmerie, qui a requis l'anonymat.
En effet, pour se rendre en Moyenne Guinée, en Haute Guinée ou en Guinée forestière, il faut impérativement passer par cette ville cosmopolite, d'où l'attrait des bandits de grand chemin pour la région de Mamou, où ils viennent tendre leur piège aux transporteurs, qui se hasardent à rouler nuitamment le long des routes nationales.
Ce sont surtout les véhicules en partance pour le Mali, qui seraient les cibles prisées de ces coupeurs de route, à cause des fortes sommes d'argent que les passagers fréquentant ledit tronçon sont censés portés sur eux, pour des besoins de commerce.
C'est du moins ce que pense Mouctar Sow, chauffeur de son état, effectuant le transport entre Conakry-Mamou. "Les coupeurs de route commencent de nouveau à faire parler d'eux. Comme ces attaques qui viennent de se produire, durant la nuit du vendredi. Les passagers ont tout perdu, alors qu'ils se rendaient pour la plupart pour des achats au Mali. C'est comme si les assaillants savaient identifier leurs cibles", déplore notre interlocuteur.
Une situation qui replonge de nouveau les usagers de la route dans la psychose. Et voyager le long des routes interurbaines devient de nouveau une véritable épreuve, surtout quand il s'agit de la nuit.
Les opérateurs économiques sont ceux qui craignent le plus cette situation d'insécurité. Car, en voyageant ils emportent avec eux des numéraires, destinés à l'achat de marchandises.
Les passagers qui se rendent au Mali y achètent du textile, notamment du bazin, prisé par les populations guinéennes.
Des opérateurs économiques maliens viennent également acheter des produits, dont certains sont importés de Chine, comme des motos ou de la quincaillerie.
Les échanges commerciaux se fait en grande partie par voie terrestre, depuis que le train reliant Conakry à la ville de Kankan, située à environ 300 km de Bamako, a cessé de fonctionner, entrînant le démantèlement même de la voie ferrée de 662 km qui s'étendait de Conakry à Kankan.
D'autres passagers effectuant des voyages entre la capitale guinéenne et des provinces intérieures, comme la forêt et la préfecture de Labé, ont aussi du souci à se faire, face à cette insécurité grandissante le long des routes, surtout que les attaques ne sont pas que l'apanage de la région de Mamou, d'autres cas similaires ont été enregistrées maintes fois du côté des préfectures de Faranah, jusqu'à Macenta, la route nationale menant à la Guinée forestière.
Et à chaque fois, ce sont des hommes armés de fusils automatiques qui s'en prennent à des véhicules, en dépouillant leurs passages. Parfois, il s'en suit des fusillades meurtrières, à en croire des sources sécuritaires.
Il arrive cependant que les services de sécurité, mettent le grappin sur les assaillants. Comme ce fut le cas dans la préfecture de Siguiri, en Haute Guinée, il y a quelques semaines.
Ibrahima Touré et Sory Sangaré, deux coupeurs de route qui écumaient les axes routiers de cette région septentrionale du pays avaient été arrêtés par la gendarmerie.
En attendant que de tels exploits se produisent de nouveau, de la part des services de sécurité, la psychose, elle, commence à s'installer chez les usagers de la route, qui craignent pour leur vie, comme on peut le constater dans les conversations dans les gares routières de la capitale, où pour éviter de tomber dans les traquenards des malfrats, certains automobilistes préfèrent former des convois de plusieurs véhicules, en vue de dissuader les assaillants.