Egypte : 51 morts dans des heurts entre forces de sécurité et partisans des Frères musulmans (PAPIER GENERAL)

Source: Xinhua  08.10.2013 à 08h45

Au moins 51 personnes ont été tuées et environ 270 autres blessées dimanche dans les affrontements entre les forces de sécurité et les partisans des Frères musulmans, a rapporté l'agence de presse officielle MENA, citant le ministère de la Santé.

Des conflits ont éclaté entre les forces de sécurité et les partisans des Frères musulmans lors des célébrations marquant le 40e anniversaire de la Guerre du 6 octobre 1973 contre Israël.

"Une personne a été tuée dans le gouvernorat de Menya et trois autres ont été tuées dans le gouvernorat de Beni Sweif, mais la plupart des personnes ont été tuées au Caire et à Gizeh", a déclaré à MENA Khaled al-Kahteeb, chef du département des urgences au ministère de la Santé.

Au caire, la police a lancé des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants pro-Frères musulmans qui cherchaient à entrer en conflit avec les milliers de manifestants pro-armée, réunis sur la place Tahrir à l'occasion du 40e anniversaire de la guerre d'octobre contre Israël, toujours selon MENA.

La place Tahrir, le centre épique des troubles de 2011 qui avaient mené au renversement de l'ancien président Hosni Moubarak, a été barrée par des véhicules blindés et des barbelés pour empêcher les pro-Morsi d'y entrer.

Tous les accès à la place ont été fermés sauf celui vers Abdul Monim Reyadh, qui est ouvert pour que les gens puissent se rendre aux célébrations, sous le contrôle strict de la sécurité. De longues files d'attente se sont formées pour passer le contrôle de sécurité afin de pouvoir entrer sur la place.

Sur la place, les gens ont brandi des drapeaux nationaux, tandis que des avions militaires les survolaient. Les médias officiels et quelques sites internet privés ont diffusé en continu des chansons nationales ainsi que des documentaires de guerre glorifiant l'armée.

Ils ont chanté pour l'armée, tout en prenant des photos du ministre de la Défense, Abdel Fattah Al-Sisi, qui a conduit au renversement de M. Morsi en juillet, et de l'ancien président, Anwar Sadat, qui a dirigé l'armée égyptienne dans la Guerre de 1973.

M. Al-Sisi, le président égyptien par intérim, Adli Mansour, et le Premier ministre jordanien, Abdullah Ensour, ont assisté à un feu d'artifice dans un stade militaire.

Des heurts ont également éclaté dans la rue Ramsès au Caire entre les forces de sécurité et les habitants du quartier, d'une part, et les partisans des Frères musulmans, d'autre part. Des centaines de ces derniers ont tenté de gagner la place Tahrir en passant par la rue Ramsès. Les heurts ont bloqué la circulation et entraîné la panique dans la région.

Samedi, le ministère de l'Intérieur a mis en garde contre "les tentatives qui pourraient perturber les célébrations du 6 octobre en Egypte".

Le bilan des victimes de dimanche est le plus important depuis la répression contre les partisans de M. Morsi le 14 août, où plus de 850 personnes avaient été tuées, dont la plupart étaient des islamistes.

Les forces de sécurité ont arrêté quelque 17 partisans des Frères musulmans qui ont apporté des explosifs et ont essayé de bloquer la ligne de métro, a rapporté le site du journal d'Etat al-Ahram.

Le ministre de l'Intérieur a déclaré dans un communiqué que la police a arrêté 423 manifestants au Caire et à Gizeh, les accusant d'avoir "tiré à balles réelles et à la chevrotine".

Les Frères musulmans ont révélé sur leur site internet qu'environ 3.500 personnes ont été arrêtées.

Les chefs des Frères musulmans ont été renvoyés devant les tribunaux, pour des accusations d'incitation au meurtre et à la violence. M. Morsi a été détenu au secret, et les activités de l'organisation ont été interdites le mois dernier par une cour égyptienne. La cour a également ordonné de saisir les biens des Frères musulmans.

Le second vice-Premier ministre et ministre de la Coopération internationale, Ziad Bahaa-Eddin, a déclaré dimanche que le gouvernement n'avait pas l'intention de passer des "accords" avec les Frères musulmans, il souhaite seulement que l'organisation islamiste arrête la violence et accepte la feuille de route annoncée par l'armée le 3 juillet après le renversement de M. Morsi.

Parallèlement, l'Alliance nationale pour le soutien de la légitimité, dont les membres font principalement partie des Frères musulmans, ont appelé les étudiants des universités à participer aux manifestations de mardi.

Dans un communiqué publié sur son site officiel, l'Alliance a également demandé à ses partisans de se rassembler vendredi sur la place Tahrir.